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respecté de la même manière la plupart des commandements du Décalogue.

Il avait à la bouche toutes les paroles de sa secte, n’employait jamais une expression hasardée, était régulier au meeting, remplissait en apparence tous les devoirs que son église exigeait de lui, à l’égard des pratiques religieuses ; mais il était loin de cet état que saint Paul a caractérisé par ces mots : « vivre dans le Christ. »

Le corps ne fut pas enlevé de la maison de la veuve White, mais le lendemain matin on le porta au cimetière, et on l’enterra dans un coin abandonné à la sépulture des inconnus, dont les restes ne recevaient aucun honneur. Ce fut alors seulement que le diacre se crut l’unique dépositaire, des grands secrets de Dagget.

Il avait les cartes marines en son pouvoir, et Dagget ne pouvait plus faire de révélations. Si les amis du défunt apprenaient sa mort et venaient réclamer ses effets, il était peu probable qu’ils y trouvassent aucune indication à l’égard des îles fréquentées par les veaux marins, ou du trésor caché du pirate. Il fit plus : il exagéra même ses précautions ordinaires, et il alla jusqu’à payer de sa bourse les dettes du défunt à la veuve White, à laquelle il remit dix dollars. Et pour détourner les soupçons qu’aurait pu exciter un si grand acte de libéralité, il dit qu’il s’adresserait aux amis du matelot, et que, dans le cas où ceux-ci ne pourraient acquitter ses avances, il ferait vendre les effets du défunt.

Il paya aussi le prix du cercueil et de la fosse, ainsi que les frais peu considérables de l’enterrement. En un mot, le diacre espéra, avec de l’argent, couper court à toutes les questions impertinentes.

La valise avait été transportée dans un grand cabinet qui donnait dans la chambre du diacre. Quand il eut réglé tous ses comptes, ce fut là qu’il se rendit armé de la clef qui devait livrer un si grand trésor à ses regards. Il éprouva bien quelques scrupules, après s’être enfermé, dans la chambre, à l’égard du droit qu’il pouvait avoir d’ouvrir la valise. Il est certain qu’elle ne lui