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— Un papier ! s’écria Marie ; oui, je l’ai entendu parler d’un papier ; je croyais que vous disiez un testament.

— Un testament est ordinairement écrit sur du papier, mademoiselle Marie. Mais vous avez un papier ?

— Mon oncle m’a donné un papier et m’a dit de le garder jusqu’au retour de Roswell Gardiner, et, si mon oncle n’existait plus, de remettre ce papier à Roswell.

La rougeur monta jusqu’au front de la jolie fille et elle sembla parler avec plus de circonspection.

— Comme je devais remettre ce papier à Roswell, j’ai toujours cru qu’il lui était relatif. Mon oncle m’en a parlé le jour même de sa mort.

— C’est le testament, sans aucun doute ! s’écria le révérend M. Whittle, avec plus de joie qu’il ne convenait à son état.

— Ne croyez-vous pas, mademoiselle Marie, que ce doit être le testament du diacre Pratt ?

Marie n’y avait jamais pensé ! Elle avait toujours pensé que son oncle désirait qu’elle épousât Roswell, et elle croyait que le papier adressé par son oncle à ce dernier contenait l’expression de ce désir à l’égard de cet objet, qui était pour elle le plus intéressant de tous.

Marie songeait fort peu aux biens de son oncle, et beaucoup à Roswell Gardiner. Il était donc bien naturel qu’elle eût commis une erreur de ce genre. Maintenant qu’on lui présentait la question sous un nouveau jour, elle se leva, et alla chercher dans sa chambre le papier, qu’elle rapporta bientôt. M. Job Pratt et le révérend M. Whittle voulurent la débarrasser du fardeau, et le premier réussit, avec une véritable dextérité, à s’emparer des pièces. Ces papiers étaient pliés comme une lettre d’affaires, dûment cachetés, et adressés à M. Roswell Gardiner, capitaine du schooner le Lion de Mer, maintenant en voyage.

M. Job lut cette adresse à haute voix, un peu sous l’impression de la surprise. Cependant, il s’apprêtait froidement à ouvrir le paquet, comme s’il lui avait été adressé à lui-même.

Madame Martin, madame Thomas et le révérend Whittle prenaient part à cet acte : car ils s’étaient tous approchés, et les