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— J’y consens tout à fait, reprit M. Job, dont la confiance et le courage augmentaient à chaque instant. J’y consens, et je ne demande qu’à savoir à qui je dois m’adresser.

— Quelqu’un de présent sait-il si le défunt a fait un testament ? demanda le ministre Whittle d’un ton d’autorité.

Un morne silence succéda à cette question. Les regards rencontrèrent les regards, et tous les collatéraux éprouvèrent un vif désappointement. Mais le révérend Whittle avait trop longtemps flairé l’héritage pour en perdre si vite la trace au moment même où il se croyait près du gibier.

— Il serait peut-être bien de poser directement la question à chaque proche parent du diacre, ajouta-t-il. Monsieur Job Pratt, avez-vous entendu parler d’un testament ?

— Jamais. Il y a eu un moment où j’ai cru que le diacre voulait faire son testament ; mais je pense qu’il doit avoir changé d’idées.

— Et vous, madame Thomas, dit-il en se tournant vers la sœur, je vous adresse la même question.

— J’en ai une fois causé avec mon frère, répondit cette parente, qui se balançait sur sa chaise, comme si elle avait pensé que la terre dût s’arrêter avant qu’elle cessât de remuer elle-même ; — mais il ne me fit point de réponse satisfaisante, — rien que je puisse appeler satisfaisant. S’il m’avait dit qu’il avait fait un testament et qu’il m’eût donné la part que je pouvais attendre, j’aurais été satisfaite ; ou s’il m’avait dit qu’il n’en avait point fait, et que la loi m’assurerait ma part, j’aurais été satisfaite encore. Je suis facile à contenter.

Cela était assez explicite, et l’on ne pouvait espérer d’obtenir davantage de la bien-aimée et unique sœur du diacre.

— Avez-vous entendu parler, Marie, d’un testament fait par votre oncle ?

Marie secoua la tête, mais elle ne souriait point, car la scène qui se passait lui était pénible.

— Ainsi, poursuivit le ministre Whittle ; personne n’a entendu parler d’un papier que le diacre ait laissé spécialement pour être ouvert après sa mort ?