Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/295

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur son équipage, et qui l’avait préservé en tant d’occasions, vint encore à son secours, et le sauva.

Roswell n’avait qu’une pensée, celle de découvrir quelque baie où le schooner fût en sûreté. Il aperçut une étroite issue sous le vent de la petite île, devant laquelle il venait de passer, issue qui conduisait à la pleine mer. Le schooner parvint à y entrer, et, au bout de vingt minutes, il était sorti du groupe des îles et il flottait sur l’océan.

Cette nuit on rencontra quelques débris des glaces dont l’océan était encore assez plein ; mais on y mit tant de prudence qu’on les traversa sans accident. Heureusement la nuit était sur le point de finir, et le soleil éclairait déjà la surface agitée des flots. Le vent soufflait vers le sud-ouest depuis trois jours. Lorsque la seconde nuit arriva, la mer était libre de glace. À neuf heures environ du matin, le quatrième jour, on aperçut un point noir sur les vagues, et, à chaque minute, ce point devenait plus distinct et plus visible.

Une heure ou deux plus tard, le Lion de Mer se trouvait à trois lieues du cap Horn. Que de souvenirs vinrent assiéger la pensée de Roswell Gardiner lorsqu’il se rappela tout ce qui s’était passé le jour qu’il avait quitté l’abri de ces rochers sauvages. Quelque orageuse que fût la mer, et quelque terrible que le nom de cette mer parut aux marins, venant d’un parage encore plus orageux et plus terrible, ils regardaient maintenant ce cap comme un lieu de refuge. Ils savaient que ce ne serait pas une petite entreprise de rester là un hiver, mais ils venaient d’en passer un dans une région ou l’on ne trouvait pas même de chauffage, à moins qu’on ne l’y portât.

Vingt jours plus tard, le Lion de Mer mettait encore une fois à la voile de Rio-Janeiro, ayant vendu toute l’huile d’éléphant qui lui restait et acheté les provisions dont le vaisseau avait besoin. Quelques semaines, plus tard, le schooner se trouvait parmi des bancs de sable très-bas. Il cherchait à jeter l’ancre sur quelque point ; il en découvrit un enfin où le vaisseau pût s’arrêter et Roswell aller à terre.