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suivante : c’était, au moins, un mois trop tôt pour se livrer à cet océan orageux, en pleine mer, et dans une chaloupe toute ouverte. Or, comme la prudence conseillait de passer encore un mois dans l’île, on pouvait aussi bien consacrer ce mois à la reconstruction du schooner. Si le temps froid revenait, on pourrait, à la dernière extrémité, brûler ces mêmes matériaux.

On se mit donc à l’ouvrage, et le temps n’entrava que rarement les travaux. Pendant trois semaines, le vent fut favorable au retour de la belle saison, allant de l’est à l’ouest, mais jamais au midi. Presque tous les deux jours, on envoyait deux marins sur les montagnes prendre connaissance de l’état de la mer.

La flotte des montagnes de glace n’était pas encore sortie du port, quoiqu’elle se fût déjà ébranlée vers le sud, comme des trois-ponts, qui ne demandent qu’à lever l’ancre. Roswell, qui voulait partir avant que ces formidables croisières fussent à flot, surveillait de près leurs plus légers mouvements.

Pendant ces trois semaines, qui suffirent presque à ramener l’été, on fit beaucoup de choses utiles. Pour la seconde fois, on transporta Dagget à la maison, dans une charrette à bras, et on le soigna le mieux possible. Roswell vit tout d’abord que l’état de Dagget était précaire, et que ses jambes gelées étaient menacées de la gangrène.

Roswell n’avait point l’idée de reconstruire son schooner absolument comme il était. Il ne pensait qu’à relever un peu son accastillage et à rétablir son pont autant qu’il était possible. Si les nouvelles œuvres hautes du Lion d’Oyster-Pond n’étaient pas sans défaut, elles se trouvaient très-bien liées et rendaient le schooner encore plus solide qu’il n’était auparavant.

Heureusement que le gaillard d’arrière du Lion du Vineyard était encore entier ; les planches en furent très-utiles, elles servirent à faire un gaillard d’arrière. Mais restaient encore le pont et le gaillard d’avant. On employa comme matériaux différentes parties des deux vaisseaux, et l’on parvint à refaire un pont parfaitement solide. Il est presque inutile de dire que la neige avait bientôt fondu sur les rochers de la côte. Les cavernes disparurent toutes pendant la première semaine du dégel. Enfin, les veaux