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apercevoir la maison. On attendit avec anxiété le retour de ces marins que Roswell n’avait point accompagnés ; ils rapportèrent quelques nouvelles importantes. La neige avait disparu de la plaine et de la montagne, à l’exception de quelques endroits, où il y en avait eu des amas extraordinaires. Quant à la maison, elle était debout, et l’on ne voyait plus de neige dans le voisinage. On pouvait apercevoir les marins se promenant sur les rochers nus, et tous les symptômes du printemps.

C’étaient là de bonnes nouvelles et les torrents ayant beaucoup diminué, quelques-uns ayant presque disparu, Roswell partit pour le cap, après avoir confié le navire naufragé à son second officier marinier. Lee, le jeune marin du Vineyard que Roswell avait arraché à la mort, l’accompagna, ayant demandé à faire partie de l’équipage d’Oyster-Pond. Tous les deux arrivèrent à la maison avant la nuit, où ils trouvèrent Hasard et ses compagnons très-inquiets du sort de ceux qui étaient sortis. Le récit de ce qui était arrivé à l’autre équipage produisit une impression profonde sur nos marins, et Roswell dit ce soir-là les prières devant une congrégation aussi attentive que si elle avait été réunie autour d’un foyer domestique.

Il n’y avait plus de feu, excepté à la cuisine, quoique l’on fût prêt dans le cas où le froid viendrait à reparaître car on savait qu’il ne fallait qu’un changement de vent pour ramener l’hiver avec toutes ses fureurs.

Le lendemain matin, le vent qui venait du nord continuait d’être doux et balsamique. Les chasseurs de veaux marins n’avaient point vu un pareil temps depuis qu’ils étaient arrivés dans l’île, et l’effet qu’il produisit sur eux fut de leur rendre vie et courage. Avant de déjeuner, Roswell descendit jusqu’à l’anse pour examiner l’état de son vaisseau, ou plutôt de ce qui en restait. Il s’y trouvait un grand amas de neige, et il donna à quelques-uns de ses hommes l’ordre de la balayer. Avant midi, toute cette neige avait disparu.

Aussitôt qu’on eut ainsi débarrassé le navire, Roswell fit retirer tout ce qui s’y trouvait, les restes de la cargaison, des tonneaux d’eau et quelques provisions gelées, afin qu’il pût flotter