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commencèrent à souffrir aux oreilles, au nez, aux pieds et aux autres extrémités, et bientôt l’on fut forcé de se réfugier dans les lits. En quelques heures, on avait envoyé trois hommes à la case pour se procurer du feu ou les moyens d’en allumer, ainsi que les autres objets qui étaient nécessaires au salut des gens du Vineyard. Le cuisinier avait été le troisième et le dernier de ces messagers. Il avait passé devant ses camarades de bord, tous deux étendus morts sur la neige, il le supposait au moins, car pas un ne donnait signe de vie. C’était en présence de ce terrible spectacle que le nègre avait appelé au secours. Il avait continué d’appeler ainsi, jusqu’à ce que lui-même, glacé de froid et de terreur, il s’évanouit et tomba sur la neige, dans un état de léthargie qui aurait été son dernier sommeil sans l’arrivée de Roswell.

Notre jeune capitaine sortit à minuit pour la seconde fois de cette soirée. Il était accompagné d’un de ses officiers mariniers, d’un matelot et de son vieux patron. Chacun d’eux prit un bol de café chaud avant de sortir. L’expérience prouve qu’il n’y a pas de meilleur moyen de lutter contre le froid que d’avoir l’estomac chaud. Roswell le savait bien, et il ordonna encore d’apporter une cafetière de café bouillant et deux lampes allumées, pour conserver quelque chaleur et avoir du feu tout prêt en arrivant au navire naufragé. L’huile d’éléphant de mer et des morceaux de voiles préparés pour la circonstance en fournissaient les éléments nécessaires.

Le froid était si rigoureux, que Roswell fut sur le point de revenir sur ses pas lorsqu’il fut à l’endroit où il avait trouvé le nègre. Mais l’idée de la situation dans laquelle était Dagget se présenta à lui, et il poursuivit sa route. Roswell et ses compagnons avaient pris les plus grandes précautions contre le froid, ils s’étaient surtout couverts de peaux de veaux marins. Tous portaient deux chemises. Grâce à ces sages mesures aucun d’entre eux ne fut saisi du froid, et ils continuèrent de marcher.

À l’endroit indiqué par le nègre, on trouva le corps d’un des meilleurs hommes d’équipage de Dagget, son patron. Il était mort, comme on le pense bien, et le cadavre était raide comme