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Rapprochons-nous des montagnes, Monsieur ; je vois là-bas quelque chose de noir sur la neige.

Roswell aperçut le même objet, et nos aventuriers dirigèrent leurs pas de ce côté. Dans une atmosphère très-froide, il n’était pas aussi facile de faire un effort physique que lorsque la température est modérée. Cela empêcha Roswell et son compagnon de marcher aussi vite qu’ils l’auraient fait, Mais ils marchaient assez rapidement pour atteindre en cinq minutes le point noir qu’ils avaient découvert sur la neige.

— Vous avez, raison, Stimson, dit Gardiner, lorsqu’il se trouva devant ce point, au milieu de l’immensité du manteau de neige qui couvrait la mer et la terre aussi loin que l’œil pouvait atteindre ! — C’est le cuisinier ! le pauvre homme était arrivé ici à mi-chemin entre le vaisseau et la case.

— Il doit vivre encore, Monsieur, tout nègre qu’il est. Il n’y a pas dix minutes qu’il a poussé ce dernier cri. Aidez-moi à le retourner, capitaine Gar’ner, et nous lui ferons avaler une gorgée d’eau-de-vie. Un peu de café chaud le ranimerait tout à fait.

Roswell fit ce que désirait Stimson, après avoir d’abord tiré son coup de pistolet pour avertir ses officiers mariniers qu’il avait laissés à la case. Le nègre n’était pas mort, mais il se trouvait dans un si grand danger, qu’il aurait suffi de quelques minutes pour qu’il fût perdu. Les frictions que lui firent Roswell et Stimson produisirent leur effet. Une gorgée d’eau-de-vie sauva probablement le pauvre garçon. Pendant qu’il donnait des soins au malade, Gardiner trouva à côté de lui un morceau de porc gelé qui n’avait jamais été cuit. Cela suffit pour expliquer le genre de malheur, qui était arrivé à l’équipage du navire naufragé.

Ils étaient si préoccupés des soins, qu’ils donnaient au pauvre cuisinier, que des hommes d’équipage arrivèrent de la maison, beaucoup plus tôt qu’ils n’auraient osé l’espérer. Ils étaient conduits par le premier officier marinier, et ils apportaient une lampe qui brûlait sous un vase d’étain contenant du café chaud et sucré. Cette boisson chaude produisit un merveilleux effet sur le malade et sur les personnes bien portantes. Après une gorgée ou deux, accompagnées d’une vigoureuse friction, au milieu de ces