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de jamais remettre notre schooner à flot, mais vous oubliez une chose, c’est que nous pourrions nous servir des matériaux pour faire un plus petit vaisseau d’une soixantaine de tonneaux, à bord duquel nous retournerions chez nous en emportant la plus grande partie de nos peaux.

— Je ne dis pas que ce sera impossible, mais je dis que ce sera très-difficile. Je crois qu’il serait plus sage de votre part, de laisser votre cargaison à la garde de quelques hommes d’équipage, si vous le jugez convenable, et de venir avec moi. Je vous débarquerai à Rio, où vous pouvez toujours rencontrer quelque petit navire américain pour vous conduire au sud et prendre la cargaison que vous aurez laissée. Si les hommes qui resteront en cargaison que vous aurez laissée. Si les hommes qui resteront en votre absence veulent construire un petit vaisseau, assurément ce n’est pas moi qui m’y opposerai. Mais il y a un fait important dont vous ne tenez pas compte, Dagget, c’est qu’il faut que votre vaisseau ou le mien serve cet hiver de bois de chauffage, ou que nous mourions tous de froid jusqu’au dernier.

— On ne touchera pas à un morceau de bois de mon navire. Je ne crois pas la moitié des histoires qu’on raconte de l’hiver des régions antarctiques, il ne peut pas faire plus froid ici que, dans la haie de Fundy.

— Un hiver sans feu dans la baie de Fundy doit être pénible mais ce n’est rien en comparaison d’un hiver dans ces îles. Je crois qu’un homme qui a goûté d’un été et d’un automne polaires doit se former une idée de ce qui l’attend ensuite.

— Les hommes d’équipage peuvent rester dans leurs lits et épargner le bois. Autant que je le pourrai, je m’opposerai à ce que mon navire soit brûlé.

Roswell s’étonnait de cette opiniâtreté ; mais il pensait que la rigueur même de l’hiver en triompherait.

Dagget invita Roswell à venir se promener dans les cavernes de glace qui s’étaient formées au-dessus du navire naufragé. On pourrait supposer qu’une promenade de ce genre, le thermomètre étant à zéro, ne devait offrir qu’une très-froide distraction. Gardiner ne trouva point qu’il en fût ainsi ; il était tout à fait à l’abri du vent, qui donne quelque chose de si poignant au froid et qui