seau si les plaines de glace continuaient à se rapprocher.
Dagget montrait en ce moment toute l’activité dont il était capable ; il se flattait de doubler les rochers et de voguer dans une mer libre, quand les vastes plaines de glace dont on avait aperçu la clarté même du pont de l’autre vaisseau se jetèrent tout d’un coup à travers sa route, et l’empêchèrent d’aller plus loin. Dagget s’efforça de rétrograder. Cela n’était pas aussi facile que d’aller vent arrière, et son schooner était très-encombré par la glace, plus même que l’autre schooner. Il fut forcé de se débarrasser de tout poids trop lourd, mais il perdit ainsi un temps précieux.
Quand Dagget voulut remettre à la voile, il se trouva arrêté par les plaines de glace, qui étaient en contact avec les rochers.
Il était minuit, et les hommes du bord avaient besoin de repos. On établit le quart, et la plupart des hommes eurent la permission d’aller se coucher ; mais la lumière de la lune était trop faible pour favoriser de grands efforts. On n’éprouvait pas de vives alarmes, il n’y avait rien d’extraordinaire à voir un vaisseau affalé dans la glace, et tant qu’il n’avait pas subi un contact immédiat, il paraissait encore en sûreté.
Quand le jour parut, Roswell vit le danger de Dagget, et Dagget le danger de Roswell. Les vaisseaux étaient à un peu plus d’un mille de distance, la situation du Lion du Vineyard était la plus critique. Le schooner de Dagget s’appuyait sur la plaine de glace, mais cette plaine cédait elle-même à un mouvement imposant qui ne se ralentissait pas. Dès que Roswell vit la situation de Dagget, il résolut de lui porter secours.
En vingt minutes, Roswell conduisit ses hommes sur la glace, chacun portant sa hache ou quelque autre instrument dont on croyait pouvoir tirer parti. Il n’était pas difficile de marcher en avant, car la superficie de la plaine de glace avait plus d’une lieue d’étendue, et la neige qui la recouvrait formait une croûte d’une grande épaisseur.
— L’eau qui se trouve entre, la glace et les rochers occupe beaucoup moins d’espace que je ne le croyais, dit Roswell à son