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Un regard suffit pour mettre Gardiner au fait de la situation. Elle lui plut médiocrement, mais il n’hésita point.

Les deux vaisseaux continuèrent de s’avancer. Tout d’un coup les deux équipages se trouvèrent sur le pont. On n’avait cependant appeler personne, mais le bruit s’était répandu que l’on courait un grand risque. Il fallait longer de près, une distance de plusieurs milles, cette côte où les veaux marins avaient paru en si grand nombre. On savait que l’eau était profonde près des rochers qui se montraient à la surface de l’eau, et qu’il n’y aurait pas de danger, aussi longtemps qu’un vaisseau pourrait s’en tenir éloigné.

Personne ne parlait. Tous les yeux, étaient fixés vers les objets qui se présentaient à l’avant, ou cherchaient à suivre la collision qui allait avoir lieu, entre la plaine de glace et la partie basse du cap. L’oreille apprit bientôt à nos marins que cette rencontre avait, eu lieu, car on aurait pu entendre à une lieue de distance le craquement de la plaine de glace. Ce fut alors que les deux schooners firent de leur mieux. Les vergues furent brassées, les voiles mises vent dessus vent dedans, et le gouvernail dressé.

Le voisinage des rochers d’un côté, et de l’autre le secret pressentiment qu’il y avait une autre plaine de glace, excitaient l’inquiétude générale. Les deux capitaines, en particulier, étaient tout yeux et tout oreilles. Il commençait à faire très-froid. Deux jeunes marins qui avaient reçu l’ordre de monter dans la mâture, hélèrent leur pont respectif et annoncèrent qu’une vaste plaine de glace s’avançait et qu’elle écraserait les deux schooners, à moins qu’ils ne parvinssent à l’éviter. Cette terrible nouvelle arriva en même temps aux deux capitaines. Par suite d’une manœuvre où Roswell montra beaucoup plus d’habileté que Dagget, les deux schooners se trouvèrent en dix minutes à un mille l’un de l’autre. Nous suivrons d’abord, celui de Roswell Gardiner dans l’effort qu’il fit pour échapper au danger.

Roswell se trouva bientôt à un mille au vent des rochers et assez près d’une nouvelle plaine de glace pour qu’on pût en distinguer la forme, la dérive et l’aspect général.