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en retard, et il faut nous mettre en mouvement. Appelez-moi si la glace vous offre un obstacle sérieux.

Hasard vit avec une sorte d’envie son capitaine descendre dans la cabine, tant il éprouvait lui-même le besoin du sommeil.

Stimson se trouvait aussi sur le pont.

— Attention cria la vigie, tenez le large, voilà une glace qui vient de l’avant.

— Une glace ici ! s’écria Hasard, c’est plus que nous n’aurions attendu ! — Où est votre glace, Smith ?

— Voilà, Monsieur, une plaine de glace aussi grande que celle qui a bloqué le Lion du Vineyard quand il est venu nous rejoindre.

Hasard vit la glace avec regret ; car il avait espéré se trouver en pleine mer mais la plaine de glace se formait dans la passe de manière à fermer toute issue aux deux schooners. Dagget suivait de près Roswell, ce qui prouvait que ce navigateur expérimenté ne voyait aucun moyen de faire voile au vent. Les deux vaisseaux marchaient de conserve, et, au bout d’une demi-heure, on aperçut la pointe septentrionale de la terre qu’on venait de quitter si récemment.

La lune se leva en ce moment et les objets devinrent beaucoup plus visibles.

Hasard héla le Lion du Vineyard et lui demanda ce qu’il fallait faire. Il était possible, en serrant le vent au plus près, de passer le cap à une courte distance au vent, et d’échapper ainsi à la plaine de glace. À moins d’avoir recours à cette manœuvre, les deux vaisseaux seraient forcés de virer, et ils auraient à s’ouvrir une passe qui les conduirait à plusieurs milles sous le vent.

— Le capitaine Gardiner est-il sur le pont ? dit Dagget.

En ce moment même, Gardiner se montra.

— Nous n’avons pas le temps de nous consulter, Gar’ner, reprit Dagget. Voici notre chemin devant nous. Il faut le suivre ou rester où nous sommes jusqu’à ce que la plaine de glace vienne nous serrer de près. Je marcherai en tête, et vous me suivrez aussitôt que vous aurez les yeux ouverts.