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CHAPITRE XXII.


Près du courant de la Moldern, aux rayons pâles de la lune, on voyait, comme dans un horrible rêve, l’armée des morts.
Longfellow.



On a l’habitude de dire qu’il y a six mois de jour et six mois de nuit dans les mers polaires. Cela n’est vrai littéralement qu’aux pôles mêmes ; mais relativement le fait est exact. Peu de personnes, nous le croyons, ont une idée précise de l’étendue de ce qu’on peut appeler les mers glaciales.

On peut s’imaginer quelle doit être l’influence d’une température de glace sur une surface aussi vaste, puisque l’on croit que les montagnes de glace qui existent dans ces mers agissent sur notre climat lorsqu’elles dérivent au sud pendant l’été. Comme le pouvoir produit le pouvoir, la richesse la fortune, le froid produit le froid. Remplissez donc un aussi grand espace que l’Océan Atlantique septentrional de glace dans toutes ses variétés, sous la forme de montagnes et de plaines, et vous pourrez vous former une idée de la rigueur des hivers, quand le soleil se montre à peine au-dessus de l’horizon, et seulement pour y donner, à ses rayons une direction oblique, orbe glacé placé dans le ciel seulement pour séparer le jour de la nuit.

Tel était le séjour que Roswell Gardiner désirait tant quitter, l’hiver qu’il trouvait si redoutable. Devant lui était Marie Pratt, pour ne rien dire de son devoir à l’égard du diacre, tandis que derrière lui apparaissait l’Océan polaire prêt à se couvrir des voiles de ses ténèbres glacées, et à s’ensevelir dans un long et sombre crépuscule, sinon dans une nuit complète.

— Monsieur Hasard, dit Roswell en quittant le pont pour aller se reposer, ce qui ne lui était pas arrivé depuis vingt-quatre heures, tenez les voiles pleines, et faites du chemin. Nous sommes