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schooner, partout où l’eau les avait touchés, quoique le calme de la nuit, qui avait empêché l’écume de la mer de jaillir sur le vaisseau, eût beaucoup favorisé nos navigateurs. Roswell s’assura que la croûte de glace qui l’entourait dans la baie avait près d’un pouce d’épaisseur. Cela lui causa une grande inquiétude, et il attendit le jour avec une vive anxiété, afin de pouvoir se rendre compte de la situation de Dagget.

Dès qu’il fit grand jour, on vit qu’une glace assez forte pour porter des hommes couvrait le croissant formé par la baie. Dagget et son équipage étaient déjà à l’œuvre et se servaient de la scie. Il fallait qu’ils eussent pris l’alarme avant le retour du jour, car le schooner n’avait pas seulement levé l’ancre, mais se trouvait de la longueur d’un câble en dehors de l’anse. Gardiner suivit le mouvement de Dagget et de son équipage avec une longue-vue pendant quelques instants, puis il fit venir tout l’équipage sur le pont ; le cuisinier avait reçu l’ordre de préparer un déjeuner chaud. Après avoir mangé, Roswell et Hasard se jetèrent dans les deux chaloupes baleinières, et ramèrent aussi loin que la glace le leur permit ; ils se rendirent ensuite à pied à bord du schooner bloqué par la glace, ayant amené avec eux la plus grande partie de leur équipage.

Il fut peut-être heureux pour Dagget que le vent commençât à souffler du nord ; il en résulta que les vagues, poussées par ce vent, eurent bientôt rompu la glace, et que le schooner du Vineyard put rejoindre, vers midi, celui d’Oyster-Pond.

Roswell se félicita de se retrouver à son bord, mais bien déterminé à sortir dès qu’il lui serait possible de l’espèce de détroit où il était, car l’expérience de la nuit lui avait appris qu’on était resté trop longtemps dans l’anse. Dagget le suivait volontiers, mais non pas comme un homme qui avait été si près d’hiverner près du pôle antarctique.