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son collègue, lui promettant de le suivre au point du jour.

Il serait difficile de peindre un spectacle aussi triste que celui qui s’offrait aux regards de Gar’ner au moment où il traversait ces eaux qui séparaient les différentes îles de ce groupe lointain et stérile. Tout ce que Roswell pouvait faire, était d’apercevoir la crête sourcilleuse des rochers qui couronnaient la partie centrale de la terre des Veaux Marins et bientôt ce point disparut dans l’obscurité. Le froid devenait plus rigoureux, et les hommes commencèrent à se plaindre que la glace s’attachât au bout de leurs rames. Une pensée vint alors s’offrir à l’esprit de notre jeune capitaine. À quoi lui servirait-il d’avoir conduit son vaisseau en dehors de la glace, si celui de Dagget s’y trouvait bloqué le lendemain ? Il comprit si bien l’importance de cette réflexion, qu’il se décida à rentrer dans l’anse, pour tenter un nouvel effort auprès de Dagget.

Gardiner trouva tous les gens du Vineyard couchés. La fatigue qu’ils venaient d’avoir à supporter, unie au froid, leur rendait le repos très-agréable. Dagget lui-même ne se leva point pour recevoir Roswell. Il était inutile de discuter avec un homme qui se trouvait dans de telles dispositions. Après être resté quelque temps avec Dagget, Roswell retourna à son bord. En revenant il remarqua que la glace devenait de plus en plus épaisse, et la chaloupe eut à s’ouvrir un chemin, à travers la croûte de glace qui se formait, pour arriver au schooner.

Roswell commença à craindre lui-même d’être arrêté par la glace, avant de pouvoir sortir de la baie. Heureusement un vent léger commença à souffler du nord, et Gardiner réussit à conduire son schooner sur un point où il était à l’abri de ce danger. Il permit alors à ses hommes de prendre le repos dont ils avaient besoin, et les officiers du schooner veillèrent sur le pont chacun à son tour.

Une heure environ avant le point du jour, le second officier marinier appela Roswell d’après les ordres qu’il avait reçus. Le jeune capitaine, en montant sur le pont, vit qu’il n’y avait point de vent et qu’il faisait un froid très-rigoureux.

La glace s’était attachée aux gréements et aux murailles du