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quelque sorte imposée. Il se résigna à revenir avec Dagget, ayant acquis la conviction qu’il était impossible de conduire à Rio le vaisseau avarié.

La fortune, ou, comme Stimson aurait dit, la Providence favorisa beaucoup nos marins dans leur nouvelle course à travers les montagnes de glace. Il y avait plusieurs avalanches tout près d’eux, et une montagne fit encore une évolution dans leur voisinage, mais aucun des deux vaisseaux n’en éprouva d’avarie. Lorsque les schooners se rapprochèrent de la plaine de glace, Roswell revint à son bord. C’était lui, maintenant, dont le vaisseau était le premier en tête.

On rencontra beaucoup plus d’obstacles et de dangers au milieu des masses de glaces rompues qu’on ne l’aurait pensé. Roswell dut craindre que les schooners ne fussent brisés par la pression que leurs murailles avaient à supporter.

Les périls n’étaient que plus graves, par suite de la hardiesse avec laquelle nos navigateurs se trouvaient forcés d’avancer ; car le temps était précieux dans tous les sens, non pas seulement à cause de la saison, qui se trouvait à son déclin, mais encore de la fatigue qu’avaient à supporter les hommes forcés de travailler aux pompes.

Au retour du jour, qui était maintenant plus tardif que pendant les premiers mois de leur voyage dans ces mers, nos aventuriers se trouvaient dans le centre de vastes glaces flottantes, s’éloignant des montagnes, qui, entraînées par les courants sous-marins, flottaient vers le nord, tandis que des fragments de la plaine de glace étaient emportés vers le sud.

Il devint bientôt presque impossible d’aller plus loin, à moins de faire comme les schooners dérivant au milieu d’une masse de glace qui flottait au sud et qui courait avec une vitesse de deux nœuds à l’heure. On passa ainsi un jour et une nuit. La glace était si compacte autour d’eux, que les marins allaient d’un vaisseau à l’autre avec une entière confiance. On n’éprouvait aucune crainte tant que le vent ne changerait pas, la flotte des montagnes formant actuellement un côté de dessous le vent comme si ces montagnes avait été de la terre. Le matin du second