l’aveuglement de son oncle comme sur le sort, presque certain, de celui qu’elle avait tant aimé.
CHAPITRE XXI.
e premier mouvement du marin, quand son vaisseau s’est
trouvé en contact avec une substance dure, c’est de vérifier, en
sondant les pompes, combien il y a d’eau dans le navire. Dagget
remplissait lui-même cette fonction au moment où les chaloupes
de Roswell Gardiner remorquaient vers la mer libre de glaces le
schooner presque désemparé de Dagget. Tous ceux qui étaient à
bord, y compris Roswell, attendaient avec anxiété le résultat de
cet examen. Ce dernier tenait la lanterne, au moyen de laquelle
on pouvait calculer la hauteur de l’eau, la clarté de la lune suffisant
à peine pour éclairer cette opération. Enfin on retira la baguette
qui avait servi pour souder, et l’on en examina l’extrémité
pour voir jusqu’où elle était mouillée.
— Eh bien ! qu’en dites-vous, Gar’ner ? dit Dagget avec quelque impatience. Il doit y avoir de l’eau, car il n’est pas de vaisseau qui eût essuyé un assaut aussi, violent sans que ses murailles se fussent ouvertes.
— Il doit y avoir trois pieds d’eau dans votre cale, répondit Roswell en secouant la tête. Si cela continue, capitaine Dagget, il sera difficile que votre schooner reste à flot.
— Il restera à flot tant que les pompes pourront travailler.
Quoiqu’il n’y ait pas de fonction qui plaise moins aux marins que celle de pomper, il arrive souvent qu’ils y ont recours comme au seul moyen de sauver leurs vies.
— Je crois, dit Roswell au bout de quelques instants, que le vent a tourné au nord-est, et qu’il souffle contre nous.