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pareille occupation, sans trouver le moyen de lui écrire où il était, et ce qu’il faisait.

Plus Marie réfléchissait à la question du trésor caché, et plus elle lui paraissait difficile à résoudre. Il serait impossible d’en trouver les propriétaires, lors même qu’on le découvrirait. Marie finit par conclure que si elle était la personne à laquelle un tel trésor fût confié, elle le ferait savoir par tous les moyens de publicité dont elle pourrait disposer, et que, si elle ne découvrait pas ceux qui avaient le plus de droits à l’argent, elle dépenserait jusqu’au dernier dollar en charités.

Hélas ! Marie connaissait peu le monde. Si elle avait ainsi annoncé cet argent, elle aurait provoqué une multitude de réclamations mal fondées de la part de fripons, qui auraient prétendu avoir été volés par les pirates, et c’est à peine si un doublon aurait retrouvé sa route vers la poche de son légitime propriétaire.

Mais tout cela ne ramenait point Roswell. Un autre hiver approchait et venait avec ses froides tempêtes exciter de tristes appréhensions par le spectacle de la turbulence de l’Océan.

Il ne se passait plus une semaine sans que le diacre reçût une lettre de quelque femme, de quelque mère, où de quelque sœur de marin, qui lui demandait quel était le sort de ceux qui étaient partis à bord du Lion de Mer d’Oyster-Pond, sous les ordres du capitaine Roswell Gardiner.

Les gens du Vineyard eux-mêmes envoyèrent demander des nouvelles au diacre Pratt, et montraient leur inquiétude et leur effroi par la nature seule de leurs questions. Chaque jour les appréhensions du diacre augmentaient, jusqu’à ce qu’enfin il devint évident pour tous ceux qui l’entouraient que cette cause, réunie à d’autres qui étaient toutes physiques, ruinaient sa santé et menaçaient son existence. Il y avait là un triste commentaire de l’avidité que le diacre avait montrée pour le gain, et l’état de santé où il se trouvait lui-même était comparable à celui du marin malade dont il avait à grand’peine obtenu le secret ; maintenant il n’était pas probable que le diacre en profitât plus que ce marin. Marie voyait tout cela très-clairement, et pleurait sur