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veli dans le sable. Marie, mon enfant, il ne faut jamais rien répéter de ce que j’ai à vous dire à ce sujet.

— Ne craignez rien, Monsieur. Mais j’espère que Roswell ne touchera pas à des richesses si mal acquises. Il a le cœur trop noble et trop généreux pour s’enrichir de cette manière.

— C’est bien, c’est bien, n’en dites pas davantage, mon enfant ; vous êtes romanesque et vous avez vos idées à vous. Donnez-moi quelques gouttes de mon cordial, car cette conversation me fatigue. Je ne suis plus ce que j’ai été, Marie, et je ne peux vivre longtemps ; mais quand ce serait pour la dernière fois que je respirerais, je le dirais encore, un trésor abandonné et trouvé de cette manière appartient au premier qui peut s’en emparer. Je m’en tiens pour cela à la loi. Que Gar’ner le trouve seulement. Eh bien ! eh bien ! je n’en parlerai plus ; car cela vous afflige, et je n’aime pas à voir cela. Voyons, parcourez le Spectateur, mon enfant, et cherchez les nouvelles relatives à la pêche des baleines.

Marie ne se le fit pas dire deux fois, et ses regards tombèrent bientôt sur le paragraphe suivant :

— Par l’arrivée dès sœurs jumelles de Stonington, nous apprenons qu’on a trouvé de la glace dans l’hémisphère du Sud plus loin au nord qu’on n’en avait encore rencontré depuis de longues années. Les chasseurs de veaux marins ont eu beaucoup de peine à s’y ouvrir un chemin, et même des vaisseaux en destination pour le cap de Bonne-Espérance ont été retardés par la glace.

— Voilà ce que c’est Oui, Marie, voilà ce que c’est ! s’écria le diacre ; c’est cette horrible glace. N’était la glace, la chasse aux veaux marins serait une profession aussi agréable que celle de prêcher l’Évangile. Il est possible que cette glace ait forcé Gar’ner à reculer lorsqu’il revenait ici, et qu’il ait attendu un moment plus favorable pour se diriger vers le nord.

— Ah ! pourquoi, dit Marie, ne nous contentons-nous pas des bienfaits que la Providence met à notre disposition, sans faire, de lointains voyages pour nous procurer d’autres jouissances ?

— Vous aimez, je crois, votre thé, Marie Pratt, et le sucre qu’on y met, et la soie et les rubans que je vous ai vue porter ;