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ramassé et enterré par des pirates ne peut jamais devenir la propriété de Roswell Gardiner.

— À qui appartient-il donc, ma fille ? demanda le diacre avec vivacité. Gar’ner avait quelques idées aussi sottes dans la tête quand je lui ai parlé du trésor, mais je l’ai bientôt ramené à la raison.

— Je crois que Roswell doit toujours avoir pensé qu’un trésor obtenu par le vol ne peut appartenir qu’à son légitime propriétaire.

— Et quel est son légitime propriétaire, je vous en prie ? Où plutôt quels sont ses propriétaires ? Car cet or a été ramassé par-ci par-là, et certainement enlevé à beaucoup de gens. Maintenant, en supposant que Gar’ner parvienne à trouver ce trésor, comme j’espère qu’il y réussira, quoiqu’il y mette terriblement de temps ; mais enfin, en supposant qu’il le fasse, comment s’y prendra-t-il pour découvrir les légitimes propriétaires ? Voici un sac de doublons qui se ressemblent tous, avec la figure d’un roi, et la date, et le latin, et le grec. Qui pourra dire : C’est la mon doublon ; je l’ai perdu à telle époque, il m’a été pris par tel pirate, dans telle mer, et j’ai été fouetté jusqu’à ce que je dise au voleur où j’avais caché mon or ? Non, non, Marie, il n’y a aucune réclamation à élever à l’égard d’aucune de ces pièces d’or ; elles sont toutes perdues pour leurs propriétaires, elles appartiendront à l’homme qui réussira à s’en emparer, et qui en deviendra légitime propriétaire à son tour. Toute propriété vient de la loi, et si, la loi n’autorise pas les réclamations, personne ne peut en faire valoir.

— Je serais bien fâchée, bien fâchée, mon cher oncle, de voir Roswell s’enrichir de cette manière-là.

— Vous parlez comme une jeune femme légère, qui ne connaît pas ses propres droits. Nous n’avons pas volé l’or ; ceux auxquels il appartenait l’auront perdu il y a des années, et ils sont peut-être morts maintenant, ou ils s’en seraient préoccupés ; ou ils l’ont oublié, pour sauver leurs vies ; il leur serait impossible de reconnaître aucune des pièces qui étaient en leur possession, ils ne savent pas si ce qu’ils ont perdu a été jeté dans la mer ou ense-