— Je n’y vois pas grand mal, ma fille ; mais ce n’est point là le but du voyage de Roswell dans les Indes occidentales. La mission qu’il a reçue est très-secrète, et je crois pouvoir dire que s’il peut l’accomplir, et qu’il revienne après un succès, vous l’épouserez, ma fille.
Marie ne fit point de réponse. Roswell, elle le sentait bien, avait dans son propre cœur un avocat qui plaidait pour lui nuit et jour, mais elle était toujours résolue à ne point s’unir à quelqu’un qui ne serait point chrétien comme elle.
CHAPITRE XIX.
l était midi environ quand les deux Lions de Mer firent voile
en même temps pour quitter l’île des Veaux Marins. Tous les
marins étaient à bord ; on y avait transporté tous les objets pour
lesquels on avait eu de la place, et rien n’indiquait plus la présence
de l’homme sur cette terre stérile, excepté la maison
déserte, et quatre piles d’un bois qui avait crû à Shelter-Island et
au Vineyard, et qu’on abandonnait maintenant aux rochers du
cercle antarctique. On entendait les chansons des hommes d’équipage,
qui se montraient gais et heureux. Ils ne songeaient
qu’à la joie du retour. Dagget était sur le pont, et il avait repris
le commandement de son schooner, quoiqu’il marchât avec une
certaine précaution, tandis que Roswell était partout. Marie lui
fut présente toute cette matinée ; et il ne songea pas un instant
au plaisir qu’il aurait à revoir l’oncle et à lui dire : Diacre, voilà
votre schooner avec une bonne cargaison d’huile d’éléphant et
de fourrures de veaux marins.