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qu’éprouve un homme dont la propriété est à des milliers de milles de lui, je suis sûr qu’il m’écrirait et qu’il ne me laisserait pas dans de telles inquiétudes.

— Par qui pourrait-il écrire, mon oncle ? répondit sa nièce avec son bon sens ordinaire. Il n’y a dans les mers antarctiques ni bureaux de poste, ni voyageurs qui puissent nous faire tenir des lettres.

— Mais il a écrit une fois, et c’était d’excellentes nouvelles qu’il nous donnait.

— Il nous a écrit de Rio, car là c’était possible. D’après mes calculs, Roswell doit avoir quitté depuis trois ou quatre semaines la pêcherie vers laquelle il s’est dirigé, et il a fait déjà plusieurs milliers de milles pour revenir à Oyster-Pond.

— Le pensez-vous, ma fille, le pensez-vous ? s’écria le diacre les yeux étincelants de plaisir. Ce seraient là de bonnes nouvelles ; et s’il ne s’arrêtait pas trop longtemps en chemin, nous pourrions nous attendre à le voir ici dans quatre-vingt-dix jours.

Marie, sourit d’un air pensif, et une vive rougeur colora ses joues.

— Je ne crois pas, non oncle, répondit-elle, que Roswell s’arrête beaucoup en route en revenant à Oyster-Pond.

— Je serais fâché de le croire ; c’est dans les Indes occidentales qu’il doit faire la partie la plus intéressante de son voyage, et j’espère qu’il n’est pas homme à négliger ses instructions.

— Roswell sera-t-il forcé de s’arrêter aux Indes occidentales, mon oncle ?

— Certainement, s’il obéit à ses ordres, et je pense que le jeune homme n’y manquera point. Mais il n’éprouvera pas un long retard.

Les traits de Marie s’éclaircirent en ce moment.

— Si vous ne vous trompez pas, ajouta-t-elle, nous pouvons toujours l’attendre dans quatre-vingt-dix jours.

Marie resta quelque temps silencieuse, mais sur sa charmante figure rayonnait un sentiment de bonheur qu’une observation que lui adressa son oncle était cependant bien faite pour troubler.