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tant de bois, que je suis tenté d’en jeter la moitié maintenant que nous avons une si lourde cargaison. Que tout cela reste ici ; lits et planches, car nous n’avons point de place dans le schooner. Il faut que ce bois même, ajouta-t-il en montant des piles de bois qu’on avait débarquées pour faire place à des peaux et à des barils d’huile, passe à ceux qui viendront ici après nous. Ce sera peut-être l’un de nous, car nous autres marins nous ne savons jamais dans quel port nous pourrons nous trouver.

— J’espère que ce sera Sag-Harbour, répondit gaiement Hasard car, bien que ce ne soit pas un grand port de mer, presque tous nos marins s’y trouveront comme chez eux, et c’est comme porte ouverte par laquelle on peut aller dans tous les environs.

— Tout au plus une porte de côté, répondit Roswell. – Je crois avec vous que ce sera le premier port où nous entrerons, quoique je sois décidé à conduire sur-le-champ le schooner derrière Shelter-Island, et à jeter l’ancre près du quai du diacre Pratt.

Quelles images du passé et de l’avenir ce paroles réveillaient dans l’esprit du jeune marin ! Il croyait voir Marie sous le porche de la demeure de son oncle, spectatrice de l’arrivée du schooner, et les yeux fixés vers ceux dont elle apercevait les traits sur le pont du vaisseau. Marie avait souvent cru dans ses rêves, qu’il en était ainsi, que de fois n’avait-elle pas vu, dans le sommeil, les traits de celui qui était l’objet de ses pensées et de ses prières !

Et où était Marie en ce jour, à cette heure, où Roswell donnait l’ordre du départ ? à quoi s’occupait-elle et quelles étaient ses pensées ? Elle était heureuse dans la maison de son oncle où elle avait passé la plus grande partie de son enfance. Marie n’avait pas au sujet de Roswell d’autre motif d’inquiétude qu’un si long voyage, et cette mer sur laquelle naviguait Roswell. Elle savait que le moment de son retour était arrivé et qu’il devait se trouver en route ; et comme l’espoir est un setiment non moins actif que trompeur, elle s’imaginait qu’il était déjà près d’arriver.

— N’est-il pas extraordinaire, Marie, lu dit un jour son oncle, que Gardiner n’écrive pas ! S’il se rendait un peu compte de ce