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que-là on n’avait vu aucune espèce de veau marin, et Gardiner éprouvait quelques appréhensions à l’égard des profits qu’on pouvait tirer de tant de fatigues et de dangers. Cependant tous ses doutes s’évanouirent dès qu’il put découvrir la rive septentrionale de l’île, longue de plusieurs milles, et qui offrait aux regards une telle multitude de monstres marins, qu’on aurait cru avoir sous les yeux un rivage vivant. Il y en avait des milliers sur les roches basses qui bordent tout ce côté de l’île, se chauffant au soleil des mers antarctiques. Il n’y avait pas à s’y tromper, c’étaient bien eux : des lions de mer, des éléphants de mer, d’énormes animaux à l’aspect féroce et repoussant, n’appartenant, à vrai dire, ni à la terre, ni à la mer. Ces animaux allaient et venaient constamment en foule, quelques-uns se balançant sur le bord des rochers et se précipitant dans l’Océan pour y chercher de la nourriture, tandis que d’autres sortaient de l’eau en grimpant, et choisissaient des bancs de rochers pour s’y reposer et jouir de la lumière du jour. Il ne s’élevait que peu de querelles entre ces horribles animaux, quoique l’on remarquât parmi eux les veaux marins des plus grandes espèces.

— Voilà une fameuse moisson pour nous, maître Stephen, dit Roswell à son compagnon en se frottant les mains de plaisir. — Un mois de travail remplira le schooner, et nous partirons avant l’équinoxe. Ne vous semble-t-il pas qu’il y a là-bas des os de lions de mer ou de veaux marins de quelque espèce, comme si des hommes étaient déjà venus les chasser dans ces parages ?

— Il n’y a pas de doute là-dessus, capitaine Gar’ner ; quelque écartée que soit cette île, dont je n’ai jamais entendu parler, tout vieux matelot que je suis, nous ne sommes pas les premiers qui l’aient découverte. Il est venu quelqu’un ici, il n’y a de cela qu’un an ou deux, et il en a rapporté une cargaison, je vous en réponds.

Comme tout ceci se rapportait parfaitement au récit de Dagget, Roswell n’éprouvait aucune surprise ; il y voyait au contraire la confirmation de ce que Dagget avait annoncé, et d’autant plus de raison pour espérer, sous tous les rapports, les résultats les plus heureux du voyage. Tandis qu’il était sur les rochers, Roswell