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CHAPITRE XIV.


Partons ! À nous la bonne terre. Regardez autour de vous. Voyez l’héritage allez en avant, – arrêtez-vous sur la montagne ; puis, si vous le pouvez, soyez calme.
Splague.



Pour un petit vaisseau comme le Lion de Mer, il y avait de l’audace à pénétrer dans les profondeurs mystérieuses du cercle antarctique, beaucoup plus mystérieuses alors qu’aujourd’hui. Mais le chasseur de veaux marins américain hésite rarement. Il a peu de science, peu de cartes marines, et ces cartes sont plus souvent anciennes que nouvelles ; cependant il a la tête pleine d’îles et de continents où se trouvent les animaux que sa grande affaire est de chasser et de tuer.

Le cap Horn et son voisinage ont été si longtemps fréquentés par cette classe d’hommes, qu’ils sont comme chez eux au milieu de leurs îles, de leurs rochers, de leurs courants et de la stérilité de ces parages ; mais, au sud du cap Horn, tout semblait désert. À l’époque dont nous parlons, on connaissait beaucoup moins les régions antarctiques qu’aujourd’hui ; et même ce que nous en savons se borne à quelques lugubres peintures, où la stérilité et le froid semblent lutter l’un contre l’autre.

Wilkes et ses émules nous ont dit qu’il existait un vaste continent de glace dans cette partie du monde ; mais même leur audace et leur persévérance n’ont rien pu faire de plus que de constater ce fait général.

Nous donnerions une idée fausse et exagérée du caractère de Roswell Gardiner, si nous disions qu’en pénétrant dans cette vaste étendue de l’Océan du sud, il n’éprouvât que de l’indifférence à l’égard de sa destination. L’état de son esprit était bien opposé à un tel sentiment, lorsqu’il voyait le cap Horn descendre, pour ainsi dire, pied à pied dans l’Océan et puis disparaître.