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La prédiction de Gardiner se réalisa. Au bout d’une demi-heure, le Lion de Mer de Holmes-Hole glissa près de la pyramide rocheuse du cap Horn, n’en restant séparé que d’un mille. Si son capitaine avait voulu passer dans la mer Pacifique, rien ne lui aurait été plus facile. Même avec un vent sud-ouest, qui souille la moitié du temps dans ces mers, il eût été tout à fait en son pouvoir de doubler les îles et de les laisser derrière lui.

Mais Dagget n’avait aucune intention de cette nature. Il cherchait son compagnon de voyage, qu’il espérait trouver dans le voisinage du cap. Dans son attente, après s’être porté assez loin à l’ouest pour se convaincre qu’il n’y avait rien en vue de ce côté, il se dirigea vers le sud. Roswell fut content de voir cela, car il en conclut que Dagget ignorait la position des îles qu’il cherchait. Elles étaient situées beaucoup plus loin à l’ouest ; et il ne fut pas plus tôt certain de la direction que suivait l’autre schooner, qu’il se hâta de descendre dans sa chaloupe pour regagner son vaisseau et profiter de la brise.

Deux heures plus tard, le Lion de Mer d’Oyster-Pond s’élança à travers la passe qui conduit à l’Océan. L’autre vaisseau avait alors disparu vers le sud, et Gardiner, sûr de la route qu’il avait à suivre, vogua à pleines voiles sur la vaste mer.

Le petit vaisseau glissait sur l’onde avec la rapidité d’un oiseau de mer. Bientôt le cap Horn commença à s’abaisser dans le lointain, à mesure que le schooner s’éloignait. Lorsque la nuit descendit sur les vagues, il n’était plus visible, le vaisseau étant entré dans l’océan Antarctique.