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lui était adressée à elle-même et qu’elle n’avait pas encore ouverte. Elle remit donc au diacre celle qu’il lui demandait, et elle se retira dans sa chambre pour lire la sienne.

« Chère Marie, écrivait Roswell, votre oncle vous dira ce qui nous amenés dans ce port, et tout ce qui se rapporte au schooner. J’ai fait un envoi de plus de quatre mille dollars d’huile, et j’espère que mon armateur oubliera l’accident de Currituck, en considération de cette bonne fortune. Dans mon opinion, nous ferons un heureux voyage, et cette partie de mon sort est assurée. Plût à Dieu que je fusse aussi sûr de vous trouver plus disposée à être bonne pour moi à mon retour ! Je lis tous les jours votre Bible, Marie, et je prie Dieu souvent d’éclairer mon esprit, si je me suis trompé jusqu’aujourd’hui. Quant à présent, je ne puis me flatter d’aucun changement à cet égard, car mes anciennes opinions me semblent plus enracinées qu’avant mon départ.

En ce moment, la pauvre Marie poussa un profond soupir et essuya ses larmes. Elle éprouvait la plus vive douleur, quoiqu’elle rendît toute justice à la franchise de Roswell. Comme toutes les personnes pieuses, sa foi était très-grande dans l’efficacité des saintes Écritures, et elle regrettait d’autant plus l’aveuglement de Roswell, que la lumière avait brillé à ses regards.

« Cependant, Marie, — continuait la lettre, — comme j’ai toutes les raisons humaines pour m’efforcer d’être dans le vrai, je ne mettrai assurément pas la Bible de côté. Je pensé comme vous à l’égard de ce livre ; nous ne différons d’opinion que sur la manière de l’interpréter. Veuillez prier pour moi, charmante fille ; mais je sais que vous le faites, et que vous le ferez tant que je serai absent.

— Oui vraiment, Roswell, murmura Marie, aussi longtemps que je vivrai ! La lettre continuait en ces termes : « Outre cet intérêt, qui est le plus grand de ma vie, je suis sous l’empire de la vive préoccupation que me donne ce Dagget. Je ne sais vraiment que faire dans beaucoup de circonstances. Il m’est impossible de rester avec lui sans violer mes devoirs envers le diacre. Cependant il n’est pas facile de se débarrasser de lui. Il est venu en