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ner une association plus importante. Heureusement pour Gardiner une pensée de prudence se présenta à son esprit au moment où il allait parler, ce qui le détermina à mettre beaucoup de mesure dans sa réponse.

Cette pensée qui agita Roswell était que la concurrence serait plus faite pour stimuler le zèle de son équipage que l’association, et que le succès de chaque vaisseau devait être plus grand si l’on travaillait chacun pour soi. C’est là le principe qui rend l’état actuel de la société plus salutaire que celui dont voudraient nous doter les partisans de différents systèmes, d’association qui sont maintenant en vogue. Le sentiment individuel exerce une grande influence dans les sociétés humaines, et l’économiste politique qui ne s’en sert point comme de l’instrument le plus puissant pour faire progresser la civilisation, la verra bientôt reculer et perdre le mouvement, au lieu de faire servir l’intérêt particulier au développement de l’intérêt général.

— Je pense, répondit Roswell Gardiner, que chaque vaisseau ferait mieux de travailler pour lui-même et pour ses armateurs.

Comme les schooners se trouvaient en présence des vents alizés, ce fut une véritable course de mer, qui n’était que peu interrompue. Cependant les chaloupes étaient soulevées comme des coquilles d’œuf, la force immense de l’Océan faisant voler comme des plumes les plus grands vaisseaux qui gémissent sous le poids de leurs canons. Au bout de quelques instants, Gardiner et Dagget se trouvèrent un peu plus séparés, chacun à la recherche des trombes qu’ils n’avaient pas revues depuis qu’ils avaient quitté leurs vaisseaux. Pendant ce temps, les officiers mariniers des deux schooners, qui montaient les autres chaloupes s’avançaient rapidement, jusqu’à ce que la petite flotte de chaloupes se trouvât à une lieue marine des schooners. Les vaisseaux, de leur côté, étaient au vent, pour rester aussi près que possible des chaloupes ; il n’était resté à bord que le cuisinier, le commis aux vivres et un ou deux matelots.

Nous supposons que nos lecteurs connaissent assez le caractère général de la classe d’animaux à laquelle appartient la baleine, pour savoir que toute l’espèce respire l’air atmosphérique, qui lui