mer encore plus de bienveillance et de compassion, quand elle me regarda après ma révélation, reprenant en même temps un peu de sa timidité et de sa modestie naturelle.
— S’il en est ainsi, mon jeune ami, reprit le ministre avec intérêt, vous devriez, vous pourriez certainement être placé dans une meilleure condition que celle où vous vous trouvez. Avez-vous quelques connaissances en grec ?
— Ya, ya ; le grec être beaucoup appris en Allemagne.
— Quand on prend du galon pensai-je en moi-même…
— Et les langues modernes, en connaissez-vous quelques-unes ?
— Che parler les cinq grandes langues de l’Europe, blus ou moins pien, che les lis toutes.
— Les cinq langues, dit le père, en comptant, sur les doigts. Quelles sont-elles, Mary ?
— Je suppose, mon père, que c’est le français, l’allemand, l’espagnol et l’italien.
— Cela ne fait que quatre. Quelle est la cinquième, ma chère ?
— Le cheune dame oublier l’anglais. L’anglais être le cinquième.
— Oh ! oui, l’anglais, s’écria la petite espiègle, en se pinçant la bouche pour ne pas me rire au visage.
— C’est vrai, j’avais oublié l’angtais, n’étant pas accoutumé le considérer comme une langue européenne seulement. Je suppose, jeune homme, que vous parlez l’anglais moins bien que les autres ?
— Ya !
Un sourire passa encore sur les lèvres de Mary.
— Je sens un vif intérêt pour vous comme étranger, poursuivit le ministre, et je regrette que nous nous soyons rencontrés pour nous séparer si promptement. De quel côté, à présent, comptez-vous diriger vos pas, mon jeune Prussien ?
— Che aller à un endroit nommé Ravensnest, pon endroit, ils me disent, pour fendre des montres.
— Ravensnest ! s’écria le père.
— Ravensnest ! répéta la fille.
— Comment donc ! Ravensnest est l’endroit où je demeure, et la paroisse dont je suis le ministre, le ministre protestant et épiscopal ?
J’étais donc en présence de M. Warren, le ministre qui avait été appelé à notre église, l’année même où j’avais quitté la maison, et qui y était toujours resté depuis ! Ma sœur Marthe m’avait