Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/283

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

inoffensif, jusqu’à ce que mon oncle me le rappelât, en me faisant savoir que Jack Dunning, son conseil et son ami, insistait fortement pour qu’il fût enlevé.

— Je suis entièrement de l’avis de M. Dunning, répliqua vivement ma sœur. Je voudrais de tout mon cœur, Hughes, que tu fisses disparaître, cette semaine même, ce hideux objet.

— Pourquoi cet empressement, ma chère Patt ? Ce hideux objet a été là depuis l’édification de l’église, c’est-à-dire, depuis soixante ans, et je ne vois pas quel mal il en est résulté.

— C’est un mal d’être si laid. Cela défigure l’église ; et puis je ne crois pas que des distinctions de cette nature soient convenables dans la maison de Dieu. Je sais que telle a toujours été l’opinion de ma grand’mére ; mais voyant que son beau-père et son mari tenaient à cet ornement, elle a consenti en silence pendant leur vie à le laisser subsister.

— Que dites-vous de tout cela, mademoiselle Warren, dis-je en me tournant vers ma voisine ; car, dirigé par quelque secrète influence, je marchais à ses côtés. Êtes-vous pour ou contre le dais ?

— Contre, répondit-elle avec fermeté. Je suis de l’avis de madame Littlepage, qui trouve que des églises ne devraient rien contenir qui marque des distinctions mondaines. Ces distinctions je le sais, sont inséparables de la vie ; mais c’est pour nous préparer à la mort que nous entrons dans ces édifices.

— Et votre père, mademoiselle Warren, l’avez-vous quelquefois entendu parler de mon malheureux banc ?

Mary hésita un instant, changea de couleur, puis me regarda d’un air si ingénu et si aimable, que je lui aurais pardonné les commentaires les plus sévères sur quelque acte de folie de ma part.

— Mon père est d’avis de supprimer à la fois tous les bancs séparés, et par conséquent ne peut avoir aucune raison de faire exception pour le vôtre. Il me dit que dans les églises catholiques, toute la congrégation s’assoit, se tient debout, ou s’agenouille devant l’autel ou autour de la chaire, sans distinction de rang ou de personnes. Assurément, cela vaut mieux que d’apporter dans le temple la plus pitoyable de toutes les classifications mondaines, celle de l’argent.

— Cela vaut mieux, mademoiselle Warren, et je désirerais de