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— Allons, je vois qu’il faut que je vienne à votre aide, ma chère Kate : vous êtes promise à M. Bayard !

— Oh ! non, les choses ne sont pas si avancées. Il a demandé ma main, j’en conviens ; mais j’ai remis ma réponse à l’époque de votre retour. Je n’aurais jamais voulu prendre d’engagement avant d’être sûre que vous l’approuveriez.

— Je vous remercie, Kate, et soyez convaincue que je vous paierai de la même monnaie. Oui, vous apprendrez, en temps convenable, quand je compte me marier, et vous aurez voix consultative.

— Il y a une grande différence à faire entre les droits d’un frère aîné et ceux d’une petite fille sans expérience qui, avant de faire un choix, doit se laisser guider par les conseils de ses amis.

— Quand ce moment viendra, vous ne serez plus une petite fille, mais bien une femme mariée, qui sera en état de donner des avis d’après sa propre expérience. Mais revenons à Thomas. C’est donc à lui que l’allusion a été faite ?

— Oui, mon frère, me répondit-on à voix basse.

— Et l’allusion a été faite par vous ?

— Je n’en disconviens pas. Nous parlions de vous un jour, et j’exprimai l’espoir que vous verriez Priscilla des mêmes yeux que moi. Voilà tout.

— Et c’en était bien assez, ma chère enfant, pour décider Thomas Bayard à aller se pendre, si c’était un amant de la vieille roche.

— Se pendre ! et pourquoi ?

— Parce que c’était lui faire entendre, assez clairement, que vous cherchiez un autre moyen de rapprocher les deux familles que celui qui le concernait personnellement.

Catherine se mit à rire ; mais, comme ma remarque ne parut pas la troubler beaucoup, j’en conclus que le jeune homme savait à quoi s’en tenir, et que, si je m’avisais de ne pas le trouver à mon goût, je ferais à la pauvre enfant une peine plus sensible qu’elle n’était disposée à en convenir.

— Eh ! quand verrai-je ce jeune homme modèle, et cette jeune