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rées, et nos parents décidèrent que nous ne pouvions trouver de meilleure occasion d’apprendre à tirer parti du produit de nos terres. Pour que Jaap eût le temps de faire manœuvrer sa lourde brigade, il partit deux grands jours avant nous. Les nègres portaient les provisions nécessaires pour leur nourriture et celle des chevaux. Il est bon de prendre toutes ses précautions, et il ne faut pas faire en route de dépenses inutiles.

Quand tout fut prêt, il nous fallut écouter les derniers avis de nos parents avant de nous lancer dans le monde.

— Corny, me dit mon père en me faisant venir dans son cabinet ; voici les titres et les contrats qui établissent notre propriété vous ferez bien de les consulter avant de faire aucune vente. Voici aussi des lettres de recommandation auprès de quelques militaires, dont je voudrais vous voir cultiver la connaissance. Celle-ci, entre autres, est pour mon vieux capitaine, Charles Merrewether, qui est maintenant lieutenant-colonel, et qui commande un bataillon dans le Royal-Américain. Il pourra vous être très-utile, quand vous serez près de l’armée. Le porc, quand il est de la qualité de celui que vous aurez, doit se vendre, dit-on, trois demi-joes le baril ; ainsi vous pouvez vous baser là-dessus. Si par hasard on vous invite à la table du commandant en chef, ce qui pourrait bien arriver, par suite de l’amitié que me porte le colonel Merrewether, j’espère qu’on reconnaîtra en vous un digne descendant des Littlepage, qui se sont toujours signalés par leur dévouement. À propos, j’oubliais la farine ; elle doit valoir deux demi-joes le baril dans un moment comme celui-ci. J’ai glissé aussi une ou deux lettres pour quelques-uns des Schuylers, avec qui j’ai servi quand j’étais à votre âge. Ce sont des personnes de la première distinction ; alliées à la bonne et vieille famille des Van Cortland et même quelque peu aux Bensselaers. Ah ! s’ils marchandent le baril de langues marqué T…

— Qui donc, mon père, les Schuylers ?

— Mais, non, je parle des fournisseurs de l’armée, vous leur direz qu’elles ont été salées à la maison, et qu’elles sont dignes de figurer sur la table du commandant en chef.

Telles furent en résumé les dernières instructions de mon père. Celles de ma mère furent d’une tout autre nature :