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man Mordaunt dès que nous fûmes arrivés sur la hauteur ; et ma fille, qui monte très-bien à cheval, m’accompagne souvent. Elle doit être ici quelque part avec Mary Wallace ; car elles avaient promis de me suivre, dès qu’elles seraient prêtes.

Dirck laissa échapper un cri de joie, et partit sur-le-champ au galop. Nous en vîmes bientôt la raison ; il avait aperçu les deux amazones sur le penchant d’une colline, et rien n’avait pu le retenir. Quelques minutes après, nous étions tous réunis.

Jamais Anneke Mordaunt ne m’avait paru si charmante. Sa robe dessinait admirablement sa taille, et de longues plumes tombaient gracieusement de son chapeau de castor. L’air et l’exercice avaient donné un nouvel éclat à son teint toujours si animé ; et, en nous voyant, une expression de plaisir se peignit sur son visage, comme si les hôtes qui lui arrivaient étaient loin de lui déplaire.

— Monsieur votre père me disait que vous affectionnez cette promenade, dis-je à miss Mordaunt en retenant mon cheval pour rester à côté d’elle, tandis que les autres prenaient les devants. Pourquoi faut-il que Satanstoé soit si loin ! J’aurais l’espoir de vous rencontrer le matin. Nous avons dans le West-Chester des dames qui sont aussi d’excellentes écuyères, et qui seraient fières de vous admettre dans leurs rangs.

— J’ai quelques connaissances sur la partie de la rivière d’Harlem où vous demeurez, répondit Anneke, mais pas cependant dans votre voisinage immédiat. Mon père autrefois chassait souvent dans les plaines de Satanstoé ; il me l’a dit ; et il me parle toujours avec grand plaisir de vos petits oiseaux.

— Je crois même que mon père a souvent chassé avec le vôtre. M. Bulstrode m’a promis de suivre ce bon exemple. — Eh bien ! maintenant que vous avez eu le temps d’y réfléchir, que dites-vous de la représentation ?

— Elle a été trop longue d’une heure ; ce qui ne m’empêche pas de rendre justice à M. Bulstrode, qui, si la fortune l’eût voulu, eût pu devenir un comédien éminent.

— M. Bulstrode est, dit-on, l’héritier d’un baronnet, et il est appelé à une grande fortune ?

— C’est ce qu’on assure. N’est-ce bien pas à lui, monsieur Litt-