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comédiens. Son costume me parut être tout à fait convenable ; mais il me serait impossible de le décrire. Je me rappelle que Siphax portait l’uniforme de colonel de dragons, et Juba celui d’officier général, et qu’il s’éleva de grandes discussions, parce que les deux acteurs avaient jugé à propos de paraître avec des perruques de laine, et la figure toute noircie. On répondait à cela qu’ils représentaient des Africains, et qu’il suffisait de jeter les yeux sur la galerie, pour voir que les Africains sont ordinairement noirs et qu’ils ont les cheveux crépus. À cela près, tout se passa à la satisfaction générale La « vertueuse » Marcie elle-même se tint assez droite, et Bulstrode assura que ce qu’il y avait d’un peu tendre dans son regard tempérait admirablement ce qu’il y aurait eu peut-être de trop mâle dans sa tournure. Enfin tout le monde fut content, sans en excepter les autorités. Herman Mordaunt sourit bien une ou deux fois à des endroits qui auraient dû lui faire éprouver une toute autre sensation ; mais sans doute cela tenait à son peu d’habitude des représentations théâtrales.

Pendant l’entr’acte, entre la tragédie et la petite pièce, les acteurs vinrent dans la salle pour recevoir les félicitations qu’ils méritaient. Les yeux expressifs d’Anneke étincelaient de plaisir, pendant qu’elle faisait son compliment à Bulstrode avec un véritable enthousiasme, et elle convint qu’elle ne s’était jamais fait une idée de l’effet du spectacle, rehaussé par l’éclat des lumières, par les costumes et les décorations. Elle était sûre d’avance que la seconde pièce ne serait ni moins intéressante ni moins bien jouée. Il était évident que le succès du major avait encore avancé ses affaires, et qu’il y aurait folie à moi de vouloir entrer en lutte contre un pareil compétiteur. C’était une réflexion qui me peinait extrêmement, quand un coup de sonnette se fit entendre, et les acteurs nous quittèrent pour aller s’habiller.

L’entr’acte fut très-long, et il fut employé à se rendre des visites d’une loge à l’autre. J’allai voir ma tante dans sa loge ; et elle me parut assez contente, quoique moins enthousiaste que les jeunes personnes. Mon oncle restait fidèle à son caractère : bonhomme au fond, mais nullement disposé à prodiguer les éloges.

— Pas trop mal pour des écoliers, Corny, pas trop mal ; quoi-