Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 25, 1846.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans les yeux d’Anneke quand j’eus fini, me convainquirent que je ne m’étais pas trompé.

Enfin la jeune maîtresse de la maison se leva, en rappelant à son père la représentation du soir. Quelques-uns d’entre nous reconduisirent les dames jusqu’au salon ; au lieu de retourner à table, je restai avec elles, et Bulstrode en fit autant, sous prétexte qu’il avait besoin de toute sa tête pour se bien pénétrer de l’esprit de son rôle.


CHAPITRE VIII.


Traitez chaque homme d’après ses mérites ; et quel est celui qui ne sera pas fustigé ? Ne consultez au contraire que le sentiment de votre honneur et de votre dignité ; moins cet homme est digne de vos bontés, plus votre bienveillance est méritoire.
Shakspeare



Harris sera complètement hors de combat si je ne trouve pas moyen de lui faire quitter la table, dit bientôt Bulstrode ; vous savez qu’il doit jouer ce soir Marcie, et s’il est bon qu’il soit un peu en gaieté pour avoir de l’assurance et de l’entrain dans son rôle, il ne faut pas qu’il en ait trop, pour l’honneur de la vertueuse Romaine.

Ce fut un tolle général de la part de toutes les dames en apprenant que M. Harris devait jouer un rôle travesti ; personne ne connaissait encore la distribution des rôles ; tout ce qu’on savait, c’était que Bulstrode devait jouer Caton ; le reste avait été tenu secret, afin que les spectateurs eussent le plaisir de la surprise et cherchassent à deviner les acteurs. Anneke assura que son père ne retenait jamais ses convives longtemps, et qu’on ne tarderait pas à les voir tous arriver. En effet, au bout d’une demi-heure, tous ces messieurs firent leur entrée dans le salon pour prendre le café, et Harris marchait à peu près droit. Bulstrode