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prendre le danger qu’elle avait couru. Dirck n’avait pu percer la foule assez vite pour la secourir, et Jason n’était arrivé que pour recevoir le schall des mains du gardien. Quelque effrayée qu’elle eût pu être dans le premier moment, elle ne tarda pas à reprendre son sang-froid, et elle resta encore une demi-heure avec nous à examiner et à admirer son terrible assaillant.

Ce fut en sortant de la loge qu’eut lieu la petite scène relative aux billets, que j’ai racontée. Miss Mordaunt exprima le désir de retourner directement chez elle ; elle craignait que quelque ami maladroit n’alarmât son père par un récit exagéré de ce qui lui était arrivé. Dirck lui offrit de l’accompagner. Avant de nous quitter, la charmante enfant se tourna vers moi, les yeux humides :

— Monsieur Littlepage, me dit-elle d’une voix émue, c’est maintenant seulement que je commence à comprendre tout ce que je vous dois. Tout s’est passé si soudainement, et j’étais si troublée que je n’ai su et que je ne sais guère plus à présent comment vous remercier. Croyez néanmoins que je n’oublierai jamais cette matinée ; et, si vous avez une sœur, offrez-lui, je vous prie, l’amitié d’Anneke Mordaunt, et dites-lui bien que les prières qu’elle peut adresser au ciel pour son frère ne seront jamais plus ferventes que les miennes.

Avant que j’eusse pu me remettre assez pour faire une réponse convenable, Anneke s’était éloignée, tenant son mouchoir sur ses yeux.


CHAPITRE VI.


Allons ! sois bref ; je vois où tu veux en venir, je suis déjà presque un homme.
Cymbeline.



Je ne me souciais pas pour le moment de continuer à me promener, Je profitai d’un moment de foule pour perdre Jason, et