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cinquante galons de rhum de la Jamaïque, première tête ; vingt cornets à bouquin, et trois douzaines de tomahawks de fabrique anglaise, première qualité.

— Ma foi, Dirck, m’écriai-je dès que j’eus fini la lecture, voilà quarante mille acres de terre qui ne coûtent pas cher dans la colonie de New-York. Avec deux cent cinquante dollars on achèterait aisément tout cela, compris le rhum et les tomahawks de fabrique anglaise et de première qualité.

— Deux cent quarante-deux dollars ont payé le tout, ni plus ni moins, répondit Dirck avec assurance, tout en se préparant à allumer sa pipe, car il pouvait fumer tout à son aise, le petit trot de nos montures ne nous faisant guère franchir plus de six milles par heure.

— Eh ! bien, c’est bon marché. Je suppose que les fusils, le rhum et les autres articles ont été fabriqués exprès pour être livrés aux Indiens ?

— Non, Corny ; vous faites injure à nos parents, qui sont la loyauté même.

— Tant mieux pour eux et pour nous ; mais que vont-ils faire de ces terres, maintenant qu’ils en sont propriétaires ?

Dirck ne répondit pas tout de suite, sa pipe l’occupait ; il ne la perdit pas de l’œil avant qu’il en eût vu sortir la fumée.

— Le premier point sera de les trouver, Corny, dit-il enfin. Quand une concession est faite, et les titres délivrés, il faut alors envoyer quelqu’un à la recherche des terres. — On m’a cité un propriétaire qui a obtenu une concession de dix mille acres il y a cinq ans, et bien qu’il fasse une battue générale chaque été, il n’a pas encore pu parvenir à les trouver. — Il est vrai que dix mille acres ne sont pas grandiose, au milieu de ces forêts.

— Ainsi donc nos parents ont l’intention de se mettre à la recherche de cette propriété dès que la saison le permettra ?

— Un moment, Corny, un moment ; comme vous y allez ! C’était l’avis de votre père, qui a du sang gallois dans les veines ; mais le mien prend les choses plus froidement : « Attendons l’année prochaine, a-t-il dit à votre père, et alors nous pourrons envoyer nos garçons ; d’ici là sans doute la guerre aura pris une