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obligé d’entrer dans quelques détails pour le faire comprendre.

La façade de la maison s’étendait du nord au sud, et regardait l’occident. Le feu avait été allumé à l’extrémité du roc, et à l’angle nord-est du bâtiment. De cette manière deux côtés de l’habitation étaient éclairés, ceux du nord et de l’est, tandis que les deux autres restaient dans une obscurité complète. Comme la porte s’ouvrait à l’ouest, ce n’était pas une tentative si désespérée de chercher à doubler l’angle sud-ouest de la maison, de manière à gagner le bord du rocher, d’où il serait facile d’effectuer une décharge sur ces sauvages qui s’établissaient sans doute immédiatement sous notre palissade dans l’intention de saisir un moment favorable pour l’escalader. Telle était la nature de l’expédition pour laquelle Herman Mordaunt m’apprit que ses amis étaient partis.

— Qui garde la porte pendant ce temps ? demandai-je presque machinalement.

— M. Worden et votre ancienne connaissance M. Newcome. Ils sont armés l’un et l’autre ; car un ministre sait payer de sa personne au besoin, et je vous assure que M. Worden a montré beaucoup de courage dans toute cette affaire.

Je ne répondis rien, et voyant que ma présence était inutile dans la cour, je courus à la porte. J’avais des inquiétudes sur la tentative de Guert, et aussi sur les progrès du feu.

Je fus bientôt auprès des deux gardiens. Leur consigne était de se tenir prêts à barricader la porte ou à l’ouvrir, au moindre signal, selon qu’il se présenterait des amis ou des ennemis. Ils semblaient comprendre toute l’importance du poste qui leur était confié, et je les priai de me laisser sortir. Je voulais avant tout examiner l’état de l’incendie ; car je trouvais qu’on avait négligé trop longtemps de l’éteindre, et qu’il pouvait finir par se propager d’une manière inquiétante. Dès que je fus dehors, je me glissai le long du mur jusqu’à l’angle nord-ouest, d’où seulement je pouvais découvrir l’amas de bois qui brûlait.

Le reflet éblouissant que l’incendie jetait sur la plaine ajoutait à ma sécurité par le contraste, quoique, à un autre point de vue, il fût loin d’être rassurant. Les troncs d’arbres, disséminés dans la prairie, qui pour la plupart avaient éprouvé l’action du