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Il fallut près d’une heure pour approcher des fortifications, à cause des difficultés du terrain, et de la nécessité de s’arrêter souvent pour maintenir le bon ordre dans les rangs. Enfin arriva le moment décisif où la tête de la colonne allait sortir du bois et s’exposer au feu de l’ennemi. Une courte halte suffit pour les derniers arrangements à prendre ; les cornemuses firent entendre leurs émouvants accords, et nous nous élançâmes dans la plaine — en nous excitant l’un l’autre par de bruyantes acclamations. Nous pouvions être alors à six cents pas du parapet.

Le premier coup fut tiré par Jaap, qui s’étant glissé le long du marais avait pris quelque avance, et qui frappa droit au cœur un officier français qui était monté sur le parapet pour faire une reconnaissance, mais les représailles furent terribles. Les montagnards s’avançaient d’un pas lent, grave, soutenu, aux accents belliqueux de leur musique, quand un sillon de flamme traversa la ligne ennemie, et les messagers de mort, ces messagers de fer et de plomb, vinrent en sifflant se précipiter sur nous. Les Écossais furent un moment ébranlés du choc ; mais ils se remirent à l’instant et continuèrent à avancer. Le régiment de Bulstrode ne fut pas épargné ; et le bruit de la mitraille nous avertit qu’on se battait sur toute la ligne. Je ne sais combien de soldats périrent par suite de cette première décharge ; mais la boucherie fut affreuse, et au nombre des victimes était le vieux Graham lui-même. À partir de ce moment, le plan d’attaque primitif ne fut plus suivi, chaque colonne commençant le feu dès qu’elle pouvait se déployer. Tout le monde fit intrépidement son devoir autant que j’en pouvais juger par les pelotons qui m’entouraient ; c’était à qui arriverait le premier au pied des remparts ; mais, au-devant, l’ennemi avait entassé des arbres, couchés en long, dont les branches coupées en pointe formaient comme une rangée de dards. Il était impossible de franchir cette palissade en bon ordre ; il fallut s’arrêter, et l’on entretient un feu de peloton avec toute la régularité possible. Cependant l’artillerie française continuait à faire d’effrayants ravages ; et plusieurs corps furent obligés de faire un mouvement rétrograde. Le combat dura ainsi pendant quatre heures, nos soldats continuant à tirer sans résultat, tandis que les Français nous mitraillaient impunément à