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plus de mille. Cependant tous les bateaux n’avaient pas encore atteint le lieu du débarquement ; ceux qui portaient les munitions étaient à quelque distance en arrière.

Notre petite troupe faisait partie de la colonne de droite du centre, à la tête de laquelle marchait notre brave commandant. L’ennemi avait placé un seul bataillon dans un camp en bois près du lieu ordinaire de débarquement ; mais voyant les forces qui allaient l’attaquer, l’officier qui le commandait mit le feu au camp et se retira en bon ordre. On échangea à peine quelques coups de fusil, et nous nous portâmes en avant avec confiance. Cependant le manque de guides, l’épaisseur des bois, les difficultés du terrain, mirent bientôt quelque confusion dans notre marche. Les colonnes se mêlèrent les unes aux autres, et personne ne savait comment s’y prendre pour réparer promptement le mal. L’absence de guides était, je le répète, notre grand malheur ; mais il était trop tard pour y remédier.

Notre colonne n’en avança pas moins, toujours guidée par son brave chef qui marchait à la tête du premier peloton. Nous autres volontaires, nous marchions en éclaireurs un peu sur le flanc de la colonne, et je crois pouvoir dire sans jactance que nous étions toujours à la hauteur des premiers rangs. Dans cet état de choses, des uniformes français se montrèrent devant nous. C’était un détachement assez considérable qui, comme nous, errait un peu à l’aventure, ne sachant quel chemin il devait prendre pour gagner le plus vite possible ses retranchements. Il ne pouvait passer devant notre colonne sans qu’il en résultât une collision. Qui commença le feu, de nous ou des Français, je ne saurais le dire. Le feu fut réciproque sans être très-nourri. Nous avions tiré tous quatre en même temps et nous nous arrêtâmes sous un taillis épais pour recharger nos armes. Je relevais à peine ma carabine qu’un certain désordre se manifesta en tête de la colonne, et je vis passer le corps d’un officier qu’on portait à l’arrière-garde. C’était celui de lord Howe ! il était tombé à la première décharge sérieuse qui eût eu lieu dans cette campagne. La mort de leur chef, tué sous leurs yeux, parut éveiller toute l’énergie des soldats. Ils se ruèrent sur les Français comme autant de tigres acharnés, en tuèrent, en blessèrent un grand