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hache ; il y a de quoi le rendre femme. Non ; allez de ce côté ; là est le sentier de guerre ; pas ici ; ici est la squaw ; là sont les chevelures.

Comme les gestes de l’Onondago n’étaient pas moins expressif que son langage, nous n’eûmes pas de peine à le comprendre. Cependant Guert continua ses questions tout en s’habillant, et nous découvrîmes bientôt, à travers les phrases courtes et saccadées de l’Indien, qu’Abercrombie était sur le point de s’embarquer avec son armée sur le lac George, et que nous n’avions pas de temps à perdre, en effet, si nous voulions assister au commencement des opérations devant Ticonderoga.

Nous ne fûmes pas plus longs à faire nos préparatifs qu’à prendre une décision. Il ne s’agissait que de remplir son havresac, de le charger sur ses épaules et de prendre ses armes. L’absence de Traverse et de ses hommes nous retarda un moment. Il fallut lui écrire pour lui expliquer la cause de notre départ, et pour lui promettre de revenir, dès que les premières opérations devant Ty seraient terminées. Cette lettre fut confiée à Peter, qui devait rester, tandis que Jaap, sans recevoir d’ordre de qui que ce fût, chargeait ses larges épaules des objets qui étaient indispensables pour notre marche, prenait sa carabine et sa gibecière, et était prêt à nous suivre au premier signal. Il regardait comme son premier devoir d’accompagner son jeune maître partout où il allait, fût-ce au fond des enfers. On n’aurait point trouvé de chien plus fidèle que ne l’était Jaap Satanstoé ; car il avait adopté le nom du Col pour son nom patronymique ; comme, dans d’autres pays, les nobles prennent le nom de leurs terres.

Quand tout fut prêt, et que nous étions sur le point de nous mettre en marche, il fallut décider si nous irions par Ravensnest, ou par le nouveau chemin qu’indiquait l’Onondago. Il n’y avait pas plus de route tracée d’un côté que de l’autre ; mais, d’un côté, nous avions des marques sur les arbres, des sources, d’autres signes pour nous reconnaître ; tandis que l’autre direction nous était complètement inconnue. Et puis Anneke et Mary Wallace, l’air animé, le sourire sur les lèvres, comme elles l’avaient toujours depuis quelque temps, dès qu’elles nous voyaient arriver, étaient au bout du premier chemin, et Dirck lui-même se pro-