Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 25, 1846.djvu/260

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— En vérité ! Et qu’en savez-vous ? Où avez-vous été depuis quinze jours ?

— J’ai été, j’ai vu, je sais ce qui est ; venez, appelez les jeunes hommes ; prenez le sentier de la guerre.

C’était donc là l’explication de l’absence mystérieuse de l’Onondago ! Il nous avait entendus manifester l’intention de rejoindre les troupes au dernier moment, et il avait été faire une reconnaissance, afin de nous avertir dès qu’il serait temps de quitter la Butte, comme nous appelions familièrement Mooseridge. Je ne pouvais point voir là de trahison, et c’était plutôt une preuve de l’intérêt qu’il nous portait ; tout coureur qu’il était, c’était bien courir un peu loin, et surtout s’écarter considérablement de la route qui lui avait été tracée ; mais ce sont de ces irrégularités qu’il faut savoir pardonner à un sauvage ; et je l’excusais d’autant plus volontiers que je n’étais pas fâché de l’occasion qui m’était offerte de faire un peu diversion à la vie que nous menions ; Le lecteur croira sans peine que je ne perdis pas un instant pour communiquer à mes compagnons la nouvelle que m’apportait Sans-Traces. Jeunes comme moi, ils la reçurent avec la même ardeur. L’Onondago fut appelé au conseil, et il déclara de nouveau qu’il était temps de se mettre en marche.

— Pas de délais, répéta-t-il quand il fut questionné de nouveau, le temps marche ! les canots sont prêts, les fusils chargés, les guerriers comptés, le chef sur le qui vive, le feu du conseil éteint. Le temps marche !

— Allons, Corny, dit Guert en se levant et en secouant ses membres robustes, comme le lion qui se réveille en sursaut, en marche ! Nous pouvons coucher ce soir à Ravensnest ; demain matin nous nous dirigeons vers la grand’route ; dans la journée nous rencontrons le gros de l’armée ; et puis encore en avant ! J’aurai une occasion de plus de voir Mary Wallace, de lui dire combien je l’aime. Ce sera toujours autant de gagné.

— Il ne faut pas voir la squaw, pas aller au nid ! dit l’Indien avec énergie. Le sentier de guerre est de ce côté, — et il étendait la main dans une direction qui pouvait varier d’un quart de cercle de celle de l’établissement d’Herman Mordaunt. C’est mauvais pour un guerrier de voir une squaw quand il déterre la