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beaucoup pour soulever nos peuplades, tandis que des bandes de maraudeurs parties du Canada venaient souvent dévaster nos frontières. Quand les travaux de sa profession l’amenaient aussi loin, il aimait à avoir une sorte de citadelle où il pût se réfugier à la moindre apparence de danger.

Nous fûmes une semaine à compléter nos arrangements intérieurs ; mais, après le premier jour, ni l’arpenteur ni ses aides ne prirent part à nos travaux, autrement qu’en nous aidant de leurs conseils à l’occasion. Traverse commença ses opérations particulières, traçant des lignes pour diviser la concession en un certain nombre de grands lots, dont chacun devait contenir un millier d’acres. Il est juste de dire que toutes les délimitations étaient faites, à cette époque, de la manière la plus libérale. Au lieu de quarante mille acres, on nous en alloua plus de quarante-trois mille, et chaque subdivision y gagnait également. Des arbres, calcinés en partie, de profondes entailles faites à l’écorce, indiquaient la ligne de démarcation, tandis qu’en même temps un plan était dressé ou se trouvait la description de chaque lot, afin que le propriétaire pût se faire une idée de la nature du sol, ainsi que de la qualité et de la dimension des arbres qui s’y trouvaient. Les premiers arpenteurs, sur le rapport desquels la patente ou concession avait été accordée, n’avaient comparativement qu’un travail facile à exécuter. Du moment qu’ils fournissaient un plan assez exact, d’un terrain d’une étendue de quarante mille acres, plus ou moins, sans empiéter sur des concessions antérieures, des erreurs ne pouvaient avoir de bien graves conséquences, attendu que la terre ne manquait point dans la colonie ; mais M. Traverse était obligé d’entrer dans des détails plus minutieux ; aussi ne mesurait-il guère que quelques centaines d’acres par jour, traçant sur chaque arbre limitrophe les indications d’usage ; et il mettait dans son travail autant de méthode que d’exactitude.

Au bout de quelques jours tout était organisé comme il faut, et chacun était employé d’après le genre de service qu’on le croyait le plus propre à rendre. Le tracé de la propriété se poursuivait avec ardeur, pendant que Dirck et moi nous prenions,