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rable, résolut d’y établir son quartier général ; et nous nous mîmes tous à construire une maison en bois, qui pût nous offrir un abri en cas d’orage, et où nous déposerions nos outils, nos munitions, toutes les petites provisions, en un mot, que nous avions apportées sur notre dos. Comme tout le monde travaillait avec ardeur, et qu’il y en avait parmi nous qui maniaient la hache avec une dextérité peu commune, la besogne allait grand train, et en deux jours notre construction fut terminée. Ce qui avait déterminé le choix de l’emplacement, c’était d’abord la source dont l’eau était bonne et abondante ; et ensuite la proximité d’un petit bois couvert de jeunes pins, qui pouvaient avoir de quatorze à quinze pouces de diamètre, pendant qu’ils s’élevaient à une hauteur de près de cent pieds, presque sans branches, et droits comme l’Onondago. Ces arbres furent abattus, coupés par morceaux de vingt à trente pieds, qui étaient amincis à chaque bout, et placés alternativement l’un sur l’autre, de manière à clore une enceinte qui était un peu plus longue que large. Les interstices qui pouvaient se trouver étaient remplis par des morceaux de bois de châtaignier, fortement enfoncés, de manière à ne laisser aucun passage au vent ni à la pluie.

Notre hutte ressemblait à la plupart de celles des établissements nouveaux, quoiqu’elle eût été construite avec un peu moins d’art peut-être, et beaucoup plus de précipitation. Nous n’avions pas de cheminée ; car notre cuisine pouvait se faire en plein air ; et nous n’avions pas mis la dernière main à l’œuvre avec la même attention que nous aurions apportée si nous avions dû y passer l’hiver. Le plancher était grossier ; mais du moins il était assez élevé au-dessus du sol, pour nous préserver de l’humidité : avantage qu’on ne trouve pas toujours dans les bois. Il se composait de bûches grossièrement équarries. À ma grande surprise, Traverse fit faire une porte massive avec des troncs d’arbres taillés avec soin, unis ensemble par des pièces transversales, et tournant sur des gonds en bois. Sur l’observation que je lui fis qu’il aurait pu se dispenser de ce travail, qui occupa deux hommes un jour entier, il me rappela que nous étions placés en avant des autres établissements ; qu’une guerre active avait lieu autour de nous ; et que les agents des Français se remuaient