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quis, nom qui, je suppose, n’exprimait rien de très-honorable ni de très-illustre.

Quand le moment des adieux fut arrivé, mes deux compagnons de voyage montrèrent plus d’émotion que je ne leur en avais encore vu manifester. Guert m’avait dit sous le secret qu’il allait se risquer à faire une nouvelle tentative auprès de Mary Wallace. Les yeux humides et les joues enflammées de Mary semblaient annoncer qu’il n’y avait pas manqué. Cependant ce n’était pas une preuve décisive : car il y avait aussi des larmes dans les yeux d’Anneke. Ce fut un échange de souhaits empressés, et de promesses mutuelles de nous donner de nos nouvelles deux fois par semaine, par le moyen de nos coureurs. La distance pouvait varier de quinze à trente milles ; et l’un des Indiens la franchirait aisément en un jour dans cette saison de l’année.

Après tout, la séparation devait être courte, car nous avions promis de venir dîner avec Herman Mordaunt le jour où il célébrerait le cinquantième anniversaire de sa naissance ; et ce jour arrivait dans trois semaines de là. Cette perspective rendit le départ moins douloureux, et une demi-heure après le déjeuner, nous nous mîmes en route, légers et dispos, sinon complètement heureux. Herman Mordaunt nous accompagna l’espace de trois milles. Arrivé à l’extrémité de son domaine et sur la lisière de la forêt vierge, il prit congé de nous, et nous poursuivîmes notre chemin pendant plusieurs heures avec une diligence extrême, ayant notre boussole pour guide, jusqu’au moment où nous arrivâmes sur le bord d’une petite rivière qu’on supposait couler à trois ou quatre milles des limites des terres que nous cherchions. Je dis qu’on supposait ; car il y avait alors, et il y a, je crois, encore aujourd’hui, beaucoup d’incertitude sur les délimitations des différents domaines situés dans les bois. L’arpenteur fit faire une halte sur le bord de cette rivière, qui était moins large que profonde, et l’on se mit en devoir de dîner. Des hommes qui ont marché aussi vite et aussi longtemps que nous venions de le faire, ne s’amusent guère à faire des cérémonies ; et pendant vingt minutes chacun ne s’occupa que d’apaiser sa faim. Le repas terminé, M. Traverse appela les deux Indiens près de l’arbre tombé sur lequel nous nous étions assis, et la première occasion