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tures, soit pour frayer un chemin en abattant des arbres, ou pour jeter des ponts sur les rivières ; enfin pour faire tous les ouvrages que les circonstances pourraient demander. Sa troupe se composait donc en tout de dix personnes, dont quatre femmes ; la nôtre se composait de trois maîtres, de Jaap, mon fidèle nègre, de M. Traverse, l’arpenteur, de deux ouvriers sous ses ordres, de deux pionniers armés de haches, et d’un autre nègre, nommé Peter, domestique de confiance de Guert Ten Eyck, en tout dix hommes, dont deux de couleur. Nous nous trouvions donc, en unissant nos forces, au nombre de vingt ; tous les hommes, blancs et noirs, avaient chacun une carabine, et les maîtres portaient en outre une paire de pistolets passés dans un ceinturon que cachaient les basques de leurs habits ; de cette manière nous étions armés sans le paraître, précaution qui n’est pas inutile dans les bois.

Il est à peine nécessaire de dire que notre toilette avait subi une transformation complète. Aux chapeaux avaient succédé des bonnets assez semblables à ceux que nous avions portés l’hiver, sauf la fourrure qui avait été supprimée. Les dames portaient de légers chapeaux de castor, avec des voiles verts. Anneke et Mary avaient des amazones de drap qui dessinaient admirablement la finesse de leur taille. Ces robes étaient assez courtes pour leur permettre de marcher, s’il était nécessaire de faire quelque chemin à pied. Une plume ou deux étaient attachées à chaque chapeau ; seul tribut payé au penchant naturel de leur sexe à plaire aux hommes.

Quant à nous, nous étions couverts de peau de daim des pieds à la tête : nos culottes, nos guêtres, nos mocassins étaient de peau de daim. Seulement nos mocassins avaient des semelles ordinaires, quoique Guert en eût emporté une ou deux paires de fabrique purement indienne. Nous avions des habits de drap commun ; mais nous avions tous emporté des blouses, que nous devions mettre dès que nous entrerions dans les bois. Elles étaient vertes et ornées de franges, et l’on pensait que leur couleur se confondant avec celle du feuillage, empêcherait de les distinguer à une certaine distance. Elles étaient en grande faveur auprès des différents corps appelés à traverser les forêts, et c’était l’uni-