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en fait de sottises, comme aussi en fait de bonnes choses ? Oui, sans doute, Londres a aussi ses sorciers.


Il en est jusqu’à deux que je pourrais nommer ;


et je crois même qu’il est devenu à la mode de les consulter depuis que la cour a pris une allure si germanique.

— Oui, reprit Guert avec candeur, je le croirais aisément ; car ou dit que les meilleurs devins viennent de l’Allemagne ou des Pays-Bas. On prétend aussi qu’il y a eu des sorcières dans la Nouvelle-Angleterre, mais personne ici ne croit beaucoup à leur existence. C’est encore là une des inventions de ces fanfarons de Yankees.

Je remarquai que Mary Wallace rougit profondément, et qu’en coupant un bout de fil avec ses dents, elle profita de l’occasion pour détourner le visage, de manière à ce que Bulstrode notamment ne pût la voir.

— Tout cela revient à dire, s’écria le major, que notre ami Guert a été rendre visite à la mère Dorothée, femme très-connue, qui demeure sur la hauteur, et qui jouit d’une certaine réputation en ce genre parmi ces bons Albaniens. Quelques-uns de nos officiers ont été voir la vieille sorcière.

— Oui, monsieur Bulstrode, répondit Guert sans hésiter, avec une gravité qui prouvait qu’il ne plaisantait pas, j’ai été voir la mère Dorothée pour la première fois de ma vie, et Corny Littlepage, que voici, m’accompagnait. Quoique depuis longtemps je la connusse de réputation, jamais, jusqu’à ce moment, je n’avais eu la curiosité d’aller chez elle. Oui, nous y avons été, et je dois dire que j’ai été étrangement surpris de l’étendue du savoir de cette personne extraordinaire.

— Vous a-t-elle dit de chercher la cuiller perdue dans le pot aux confitures, monsieur Ten Eyck ? demanda Anneke d’un air malin qui me fit monter le rouge à la figure. On dit que c’est là que les devineresses renvoient toutes les ménagères peu soigneuses, et que la recommandation réussit presque toujours.

— Allons, miss Anneke. je vois que vous n’avez pas la foi, répondit Guert avec un peu d’impatience ; et sans la foi on ne