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— Pour le coup, voilà qui est superlatif ! qui l’aurait jamais cru, Dirck !

— Ce n’est pas un moulin qu’il s’agit d’acquérir ; il n’y a pas de moulin construit, mais seulement la place d’un moulin. — Un six, un roi, un trois et un as, rien n’est plus clair. Et vous voulez payer cette terre le moins cher possible, beaucoup moins qu’elle ne vaut.

— Je n’en reviens pas ! s’écria Jason. Je ne dirai plus jamais de mal des sorcières. — Dirck, pas un mot de tout ceci, je vous en conjure ; c’est une confidence, vous entendez bien. — Maintenant je ne vous demanderai plus qu’un mot sur la fin que je ferai, bonne mère, et je vous laisserai tranquille. Ce que vous m’avez dit au sujet de ma fortune et de mes petites épargnes doit être vrai ; car je sens que tout mon cœur est là ; mais je voudrais savoir, après avoir savouré tout le bonheur que vous m’avez promis, quelle fin je ferai ?

— Une fin excellente, pleine de grâces et d’espérance, et de foi chrétienne. Je vois ici quelque chose qui ressemble à un surplis de prêtre — des manches blanches — un livre sous le bras.

— Ce n’est pas moi, chère mère, je ne suis pas pour toutes ces simagrées, moi.

— Oh ! je vois ce que c’est, vous n’aimez pas les ministres de l’Église d’Angleterre. et vous leur jetteriez de la boue au visage. — Oui, oui, vous voici, vous, — doyen presbytérien, en état de diriger au besoin une assemblée secrète.

— Allons, Dirck, je suis satisfait, partons : voilà assez longtemps que nous retenons la mère Dorothée, et j’ai entendu entrer quelques personnes. Merci, chère mère, merci de tout mon cœur. Je crois après tout que ces cartes-là en savent plus long qu’on n’est tenté de le croire.

Jason se leva et sortit de la maison, sans même daigner nous regarder ; et, par conséquent, sans nous reconnaître. Mais Dirck resta en arrière ; il n’était pas content de ce qui lui avait été dit précédemment.

— Pensez-vous réellement que je ne me marierai jamais, mère Dorothée ? dit-il d’une voix qui annonçait assez l’importance qu’il attachait à la réponse. Je voudrais le savoir positivement avant de m’en aller.