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les habitants d’une maison de campagne, qui aiment toujours à recevoir leurs amis ; et je me hasardai à exposer quelques-unes des causes de ces différences dans les habitudes.

Il n’arriva rien de remarquable dans notre promenade à Kinderhook. Mistress Van der Heyden demeurait à quelque distance de la rivière, et nos deux attelages noirs et bais eurent quelque peine à nous conduire à travers la boue jusqu’à sa porte. Une fois arrivés, l’accueil qui nous fut fait fut tel que la théorie qui venait d’être exposée sur les usages des colonies devait le faire supposer. La bonne parente d’Anneke, non-seulement fut charmée de la voir, comme l’eût été tout autre à sa place, mais elle aurait accueilli avec empressement autant d’étrangers que sa maison pouvait en contenir. Peu d’excuses furent nécessaires ; car nous étions tous les bienvenus. Notre arrivée retarderait le dîner d’une heure, elle nous l’avouait franchement ; mais cela n’était rien ; en attendant on nous servirait quelques rafraîchissements pour nous faire prendre patience. Guert fut invité à faire comme s’il était chez lui, et à donner lui-même ses ordres pour les soins à donner aux chevaux. En un mot notre réception fut celle que tout habitant des colonies a éprouvée quand il est tombé inopinément chez un ami, ou chez l’ami d’un de ses amis, pour lui demander à dîner. Le repas fut excellent, quoique toute cérémonie en fût bannie. Les vins étaient parfaits ; tout le monde était de bonne humeur, et notre hôtesse voulut absolument nous faire servir du café avant notre départ.

— La lune va se lever, cousin Herman, et la soirée sera charmante. Guert connaît le chemin ; et il n’y a pas d’ailleurs à se tromper, puisque c’est la rivière ; et en me quittant à huit heures, vous arriverez bien assez tôt. Je vous vois si rarement que j’ai le droit de réclamer toutes les minutes que vous pouvez me donner. Il nous reste encore beaucoup à dire sur nos anciens amis et sur nos parents communs.

Quand des paroles semblables sont accompagnées de regards et d’actes qui prouvent leur sincérité, il n’est pas facile de s’arracher à une visite agréable. La conversation reprit plus animée que jamais ; ce furent des anecdotes sans fin qui nous reportaient à la dernière guerre, une foule de souvenirs d’enfance échangés