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et ses environs ; mais n’est-il pas vrai que les amusements de notre enfance nous sont toujours chers ? L’habitude et la prévention sont des sœurs jumelles ; et je ne vois jamais ces beaux messieurs d’Angleterre prendre un intérêt extraordinaire à nos usages et à nos fêtes populaires, sans penser qu’il entre dans cet intérêt un degré de complaisance remarquable, et que le plaisir qu’ils éprouvent est d’une tout autre nature que celui que nous ressentons.

— N’est-ce pas être injuste envers Bulstrode, miss Anneke, n’aventurai-je à dire ; il semble nous affectionner beaucoup, et il nous le témoigne en toute occasion. Il est même des personnes qu’il aime si évidemment qu’il est impossible de ne pas s’en apercevoir.

— M. Bulstrode est un excellent comédien, comme le savent tous ceux qui l’ont vu dans Caton, répondit la charmante enfant en se pinçant les lèvres d’une manière qui avait pour moi un charme infini, et ceux qui l’ont vu jouer Scrub, doivent être également convaincus de la flexibilité de son talent. Non, non, le major est beaucoup mieux où il est, où il sera du moins à quatre heures, présidant sa table d’officiers, qu’à dîner dans une modeste salle à manger hollandaise, avec ma cousine, la digne mistress Van der Heyden, qui ne nous offrira qu’un simple repas des colonies, dont l’hospitalité et la cordialité feront tous les frais. La réception qui nous attend, et qui partira du cœur, peut-elle être comprise dans des pays où il faut envoyer un messager deux jours d’avance pour demander la permission de venir, et s’assurer qu’on ne dérangera pas, si l’on ne veut s’exposer à causer une surprise qui n’aurait rien d’aimable, et à recevoir un accueil glacé ?

Guert exprima son étonnement qu’on pût ne pas toujours être charmé de voir venir ses amis, et il ne pouvait croire à l’existence d’usages si peu en rapport avec les devoirs de l’hospitalité. Pour moi, je sentais très-bien que la société ne saurait exister aux mêmes conditions dans les pays anciens et dans les pays nouveaux, et que le peuple qui est envahi par les flots d’une population surabondante ne peut accepter les mêmes règles que celui qui est encore à l’abri de ce fléau. Les Américains sont comme